Tremblement de terre dans le monde de la bouvine. Les traditions camarguaises apparaissent chaque jour un peu plus menacées, un récent courrier vient sonner le glas. Une lettre a été envoyée par la compagnie d’assurance Groupama au bar associatif ‘Le Foyer des amis’ situé à Saint-Césaire-de-Gauzignan (Gard), le 31 octobre dernier. Aussitôt relayée sur les réseaux sociaux par le maire Frédéric Gras, on peut y lire : « Votre contrat couvre actuellement la pratique des jeux taurins. Or, cette pratique entraîne régulièrement des accidents graves ou mortels qui affectent nos équilibres techniques. Dans ce contexte, les activités liées aux jeux taurins ne pourront plus être assurées par Groupama Méditerranée à compter de 2026« . Les garanties prendront donc fin le 10 janvier 2026, à minuit. L’association n’est pas la seule à avoir reçu la triste nouvelle, d’autres manades gardoises sont concernées.
« Sans changement, c’est clairement la mort de nos fêtes votives »
L’édile gardois n’a pas tardé à réagir avec gravité : « Sans assurance, il sera impossible aux associations comme le Foyer des Amis, les comités des fêtes, les clubs taurins, d’organiser abrivado, bandido, encierro, ou tous types de « jeux taurins » dans nos villages. Je ne jette pas la pierre à Groupama qui est le seul assureur (ou presque) à continuer à couvrir ce risque en 2025″. Frédéric Gras esquisse un sombre tableau : « Sans changement, c’est clairement la mort de nos fêtes votives. Et la fin de nos traditions taurines. Ce serait bien triste. À mon niveau, je vais tenter modestement de faire en sorte que cela n’arrive pas ! ».
« Nous avançons ensemble, pas à pas »
Julien Lerron de la manade éponyme à Saint-Géniès-De-Malgoirès, dit être dans le lot des manadiers résiliés au 1er janvier 2026. Julien Lerron tient à rassurer : « Nous sommes soutenus et des solutions existent. La priorité, c’est d’abord nous, les manadiers, notre partenaire travaille activement et nous serons assurés avec certitude au 1er janvier 2026. Dans un second temps, les gardians, les organisateurs (comités, mairies, clubs taurins) seront eux aussi accompagnés. Donc pas de panique. Nous avançons ensemble, pas à pas ».
Julien Lerron indique par ailleurs que « La Confrérie des Gardians » œuvre déjà à la mise en place d’une « offre spécifique » pour les cavaliers. Le même entend bien rester optimiste et combatif : « Restons unis, calmes et confiants. Notre but est clair : sauver nos traditions, protéger notre métier et faire vivre notre passion commune ». En quelques années, les tarifs des assurances ont explosé, multipliés par cinq à sept. Pour rappel, une proposition de loi a été déposée le 10 juin dernier, afin que la responsabilité en cas d’accident soit imputée à la personne qui est responsable de l’accident, et non pas systématiquement au manadier. Au mois de mars dernier, le sénateur gardois Laurent Burgoa avait également adressé un courrier à la ministre de l’Agriculture, appelant à un changement de législation en ce sens. Quant à l’assureur cité, la possibilité de résilier avait déjà été évoquée il y a quelques mois, se concrétisant ainsi aujourd’hui.


