InfOccitanie : Vous êtes très fécond dans les commentaires de la presse locale sur les réseaux sociaux, prenant soin d’étriller la Gauche et de glorifier le RN. Une façon de recruter de nouveaux sympathisants digitaux avant de les convertir en militants ?
Thierry Jacob : Oui en effet, je suis très présent, c’est une forme de communication. Je suis à la retraite, donc je surveille les médias locaux et il se trouve que j’ai un téléphone portable. Je sais à peu près dans quels créneaux les articles sont diffusés, il faut regarder vers midi et en fin de journée. Dès qu’il s’agit de Nîmes et de Nîmes Métropole, que les sujets sont concrets, je ne m’interdis pas de commenter, bien sûr. Et oui, je suis éloigné de la gauche et de l’extrême gauche, je me sens plus proche de Franck Proust (président LR de Nîmes Métropole, candidat aux municipales de 2026), que de Vincent Bouget (conseiller Ville et métropole de Nîmes, PCF, candidat également).
InfOccitanie : Jordan Bardella à Nimes le 2 novembre dernier, êtes-vous encore sur un petit nuage ?
Thierry Jacob : Jordan Bardella monte très haut, il parle aux jeunes, aux plus âgés aussi, ainsi qu’aux familles. Un récent sondage le crédite de 35 % à 37,5 % des voix pour l’élection présidentielle de 2027 (Elabe, pour BFM TV et La Tribune Dimanche, paru le 1er novembre dernier, ndlr). L’enthousiasme du public m’a étonné. Il y avait par ailleurs beaucoup de Français issus de l’immigration italienne, espagnole, dans la file d’attente. Tous sont restés calmes malgré les provocations, et à visage à découvert contrairement aux contre-manifestants
InfOccitanie : Une longue file d’attente qui n’était pas nécessairement constituée d’habitants nîmois et donc de potentiels électeurs…
Thierry Jacob : Oui, peut-être. Pour autant, je veux bien avoir la tête dans les étoiles, mais j’ai les pieds sur terre. Le constat est là, la ferveur était au rendez-vous. J’ai monté et descendu la file d’attente à plusieurs reprises, Jordan Bardella est une icône. C’est une nouvelle façon de communiquer adaptée à la nouvelle génération.
InfOccitanie : A Nîmes, ville gouvernée par LR, quels sont les chiffres du militantisme RN ? Combien d’adhérents ?
Thierry Jacob : Je vous invite à vous rapprocher de Yoann Gillet (porte-parole RN et député gardois, ndlr). Je n’ai pas les chiffres exacts. Je peux toutefois vous dire que la mobilisation ne cesse de croitre, que les gens viennent en nombre à la permanence nîmoise où l’on a récemment fait un apéritif. Les militants multiplient les tracts dans les marchés, comme celui de Jean-Jaurès à Nîmes, ainsi que les opérations de boitage.
InfOccitanie : Votre parcours militant est pour le moins surprenant. Vous basculez du PCF au Rassemblement national, par quel hasard ?
Thierry Jacob : J’ai adhéré au PCF en 1986. J’étais jeune, travailleur, sensible à la justice sociale. Je distribuais des tracts, collais des affiches, militais dans des cellules (sourire)… Le PCF n’était pas ce qu’il est actuellement. Il a été mangé par le PS entre temps. Mitterrand a pris les Communistes pour les plomber. Quand j’ai vu le socialiste Laurent Fabius avec le PCF, je me suis dit ‘ce n’est pas sérieux’… Georges Marchais (secrétaire du PCF de 1972 à 1994), voulait stopper l’immigration légale et illégale, je me suis aperçu qu’à l’intérieur du Parti communiste, cette ligne se perdait. Le Parti communiste a perdu un terme auquel je tenais par dessus tout : « français ». Pendant des décennies, j’ai abandonné la politique, j’étais vraiment déçu. Mais j’ai continué à écouter, observer, notamment pendant la campagne sur l’Europe. Les discours de Seguin, Pasqua, De Villiers, m’ont remis le pied à l’étrier. Puis, j’ai adhéré en 2011 au RN, sous la présidence de Marine Le Pen.
InfOccitanie : « Le RN a été fondé par des Waffen SS et par des anciens collabos », rappelle à loisir le député LFI Antoine Léaument et d’autres élus de Gauche. Comment réagissez-vous ?
Thierry Jacob : C’est une réalité, je ne la nie pas. C’est notre histoire, il faut la prendre telle qu’elle est. La position du PCF à cette période n’était guère glorieuse. Il n’y a pas les gentils ici, et les méchants là. L’histoire est beaucoup plus nuancée. Les travaux de Simon Epstein (un paradoxe Français) sur l’époque sont révélateurs. Je rappelle que le RN est né dix ans après la guerre d’Algérie, fondé en parti en réaction à celle-ci, plutôt qu’à la guerre de 39-45. Je vous invite à lire par ailleurs la sommité Serge Klarsfeld, historien, avocat, chasseur de nazis, lequel a déclaré que s’il avait le choix entre le RN et l’extrême gauche, il choisirait le RN.
InfOccitanie : Revenons à Nîmes Métropole. Vous semblez soutenir Franck Proust dans nombre de ces décisions politiques… Pourtant, Laurence Gardet, présidente de votre groupe, s’est montrée très critique lors des débats d’orientation budgétaire 2026, sur la dette notamment (lire ici). Deux sons de cloche opposés ?
Thierry Jacob : Franck Proust a hérité d’une situation financière délicate. 250 000 habitants, c’est beaucoup de travail. Je trouve une certaine alchimie entre ce qui est réalisé et les contraintes financières qui pèsent sur la collectivité. Je ne jette pas la pierre à celui qui se donne à fond et fait de son mieux. J’aimerais juste ajouter : la compétence de Nîmes Métropole est surtout le développement économique, la création de richesse et d’emplois qui en découle, dans le 5e département le plus pauvre de France. Dites-moi quel investisseur acceptera de venir en sachant que la collectivité est dirigée par la Gauche et ses supplétifs d’extrême gauche ? La gare TGV, Magna Porta, le Palais des congrès pour Nîmes, ce sont de beaux projets.
InfOccitanie : Lors du divorce entre Julien Plantier et le maire de Nîmes, les élus RN ont pris parti pour la majorité municipale, expliquant n’aimer « ni les traitres, ni les ingrats ». Les Progressistes ont voté contre cette éviction et la Gauche a souhaité ne pas prendre part au vote. Quel regard portez-vous sur les dissensions à droite ?
Thierry Jacob : Je vais jouer cartes sur table, selon moi, ce ne sont ni des traitres, ni des ingrats. La discipline de vote voulait que je suive la présidente du groupe RN. On peut évoluer en politique, Julien Plantier a le droit de se présenter pour les municipales, cela fait partie du jeu politique. J’assume mon vote, mais les termes employés à l’époque ne sont pas les miens. Je n’aurai pas dit cela, si j’avais pris la parole…
InfOccitanie : L’union des droites, une aubaine ?
Thierry Jacob : Je pense que la proposition d’Olivier Jalaguier est bonne (son interview sur Objectif Gard), mais elle intervient trop tôt. Je suis persuadé que son discours est bien passé chez les militants LR à Nîmes, celui d’une union entre la droite et les patriotes du Rassemblement national. Franck Proust est un peu dans la tiédeur, il ne veut pas rompre le mouvement… Puisqu’il y a de l’égo, que les appareils ne veulent pas s’entendre, alors je propose un rassemblement de tous ceux qui rejettent la Gauche. Le rassemblement, on le fera auprès des électeurs, nous-mêmes.
InfOccitanie : Toujours pas de candidat RN à Nîmes pour les municipales, une erreur stratégique que de prendre autant de temps, tandis que la Gauche hors LFI avance tambour battant derrière Vincent Bouget ?
Thierry Jacob : Je ne dis pas cela. Vous savez, en deux mois de campagne, on peut en faire des choses sur le terrain… Je ne sais pas quel candidat sera nommé. Mais je mets une pièce sur Julien Sanchez (eurodéputé RN, ancien maire de Beaucaire, ndlr). Il a les épaules pour devenir maire de Nîmes et président de l’Agglo, l’expérience, la notoriété…
InfOccitanie : Stade des Costières, vous avez pendant longtemps soutenu Rani Assaf et son projet, aujourd’hui, vous semblez dire qu’il faut que la Ville achète le stade des Antonins pour que Nîmes Olympique continue à jouer dedans… Mais que devient Nîmes Olympique en 2032 quand il faudra démonter le stade des Antonins et si les Costières ont continué à se dégrader (ou pire, si elles ont été détruites pour un projet immobilier) ?
Thierry Jacob : Je suis un pragmatique. J’étais l’un des premiers à prendre en photo le stade des Costières et à dénoncer cette friche. Le projet présenté était intéressant, avec Julien Plantier en maitre d’oeuvre, ne pas l’oublier… C’était un projet privé, donc la Ville n’avait pas à le financer, un projet adapté au schéma de développement. Et puis, le permis de construire a été refusé, le stade des Antonins a été construit. Que devions-nous faire ? Sortir des millions pour les Costières ? Investir aux Antonins ? On nous dit alors que les Antonins est dans une zone inondable, sauf qu’on a construit la halle des sports dans cette zone, non ? Pérenniser le stade des Antonins serait une bonne chose. On peut par ailleurs vendre les tribunes tubulaires à des clubs. Les joueurs et le staff sont contents de jouer aux Antonins, un stade à l’anglaise, plus resserré, proche du terrain. On peut rénover les Costières, des millions selon les projets, qui va payer, les Nîmois ? Je rappelle que le NO est en National 2. Si on monte en Ligue 1, on en fait quoi des Antonins ? La situation est délicate, les candidats aux municipales doivent se positionner dessus.


