Affaire de la caserne de Gigean : Mesquida, Hussein et Stoecklin condamnent les actes

mercredi 19 novembre • 10:22
Des agissements attentatoires à la dignité humaine se sont déroulés dans la caserne des pompiers de Gigean, dans l'Hérault.

Insultes racistes, harcèlement, photomontage à caractère pornographique, humiliations multiples… Un jeune sapeur-pompier de 18 ans au moment des faits, d’origine maghrébine, passionné par la profession, a été érigé en souffre douleur. Midi LibreFrance 3 Occitanie et plus récemment Mediapart ont relayé des faits graves survenus en 2021, au sein de la caserne de sapeurs-pompiers de Gigean, dans l’Hérault. Contacté par nos soins, le SDIS 34 n’a pas donné suite à nos sollicitations. Plusieurs preuves ont été recueillies dans un rapport interne, établi en 2024 par le chef de centre, que France 3 Occitanie a consulté. 

Trois hommes sont impliqués, dont un policier municipal également sapeur-pompier. Contactée, la Ville de Gigean indique que le policier municipal en question ne fait pas partie de ses effectifs. Dans son article, Mediapart livre quelques informations supplémentaires sur le profil des pompiers responsables des agissements. La victime a, depuis, renoncé à son engagement pour les secours. Notre article sur le récapitulatif des faits à retrouver en cliquant ici. Cette affaire a suscité un vif émoi et une indignation totale dans le paysage héraultais. Certains élus ont pris la parole pour condamner avec la plus grande fermeté les agissements.

Marcel Stoecklin, maire de Gigean

Marcel Stoecklin, maire de Gigean : « Les informations récemment révélées concernant des comportements d’une extrême gravité, au sein du centre de secours de Gigean, appellent une réaction ferme, claire et profondément républicaine. Propos racistes, humiliations, violences filmées, photomontage redoutable, atteintes à la dignité humaine… Aucun mot n’est assez fort pour qualifier des attitudes qui n’ont pas leur place dans un service public, à fortiori chez celles et ceux qui revêtent l’uniforme.

Je souhaite rappeler que ce centre de secours a connu, ces dernières années, d’importantes perturbations fomentées par des oppositions qui ont entravé son fonctionnement et déstabilisé ses équipes. Grâce au professionnalisme, à la droiture et à l’autorité calme du nouveau chef de centre, un climat de stabilité, de sérieux et de confiance avait enfin pu être retrouvé, permettant aux sapeurs-pompiers de Gigean de renouer avec l’exigence et l’honneur qui caractérisent leur vocation. Ces faits, s’ils sont avérés, viennent donc frapper doublement : par l’atteinte terrible envers la victime et sa famille, et par la trahison des valeurs cardinales des sapeurs-pompiers : courage, respect, solidarité, dévouement absolu. Ce sont des valeurs auxquelles les Gigeannais sont viscéralement attachés.

Aujourd’hui, d’abord, je pense respectueusement et sincèrement au jeune sapeur-pompier victime de ces défaillances. Son engagement, volontaire était un acte noble qui ne méritait ni l’humiliation, ni la peur, ni la violence. Qu’il puisse désormais reconstruire son avenir avec dignité et sérénité. Je veux aussi réaffirmer ma confiance pleine et totale dans la justice et dans les services du SDIS de l’Hérault. Tout en respectant le droit lié à la présomption d’innocence, il appartient aux autorités d’établir pleinement la vérité. Si les faits sont avérés, les auteurs devront faire l’objet de sanctions exemplaires et ne plus jamais avoir vocation à servir la République dans un service public ou un corps de sécurité. Parce que la République se respecte. Parce que l’uniforme se mérite. Parce que la dignité humaine est non négociable.

Au regard de la gravité des faits, je saisirai les services de Monsieur le Préfet, le Président du Conseil départemental ainsi que le directeur général du SDIS afin que toutes les mesures nécessaires soient prises pour garantir la pleine sécurité, l’intégrité morale et le bon fonctionnement du centre de secours. Gigean ne peut tolérer ni zones d’ombre ni complaisance. Je tiens enfin à saluer l’immense majorité de nos sapeurs-pompiers, qui, chaque jour, accomplissent leur mission avec exemplarité, discrétion et courage. Ce sont eux, et non les comportements isolés d’individus indignes, qui portent la véritable image du service public. La République, nos habitants et nos valeurs l’exigent : transparence, probité, exemplarité ».

Le sénateur Hussein Bourgi écrit au Procureur de la République 

Le sénateur de l’Hérault, Hussein Bourgi, a rapidement réagi : « J’ai pris connaissance avec consternation et colère des faits qui se sont déroulés dans la caserne des sapeurs-pompiers de Gigean.  J’ai une pensée pour la victime, à laquelle j’apporte tout mon soutien.(…)J’assure également tous les sapeurs-pompiers de l’Hérault de ma sympathie et de ma confiance. Dès lundi je vais donc écrire au Procureur de la République de Montpellier pour lui demander que l’enquête judiciaire soit réalisée avec célérité et efficacité ». 

Le sénateur précise par ailleurs : « Ce n’est pas parce les faits sont anciens, ou que la victime principale n’a pas porté plainte, qu’il faut relativiser ou minorer les actes racistes, attentatoires à la dignité humaine et à caractère pédopornographique dont la presse se fait l’écho. Les deux enquêtes (administrative et judiciaire) peuvent avoir lieu concomitamment. Les sanctions judiciaires et administratives pouvant parfaitement être cumulatives. J’y veillerai scrupuleusement ».

Kléber Mesquida, président du Conseil départemental de l’Hérault

Kléber Mesquida, président du Conseil Départemental de l’Hérault, a également réagi : « Je condamne avec force les faits reprochés, ayant eu lieu dans une caserne de l’Hérault, qui sont d’une extrême gravité et d’une indignité absolue. La direction du SDIS a diligenté une enquête interne suite au signalement effectué par la voie hiérarchique, et qui doit se clore dans les délais les plus brefs. La justice sera saisie immédiatement afin de donner les suites les plus fermes face à ces comportements. L’engagement au service du secours à la personne ne peut tolérer un seul instant en son sein, la violence, la haine de l’autre, le racisme, des propos ou des actes intolérables ! ». 

Linda Mansouri/InfOccitanie.