Ce samedi 6 décembre, à 18h, à la manade Renaud Vinuesa au Cailar, des « assises » se tiendront à l’initiative des députés RN Nicolas Meizonnet (Gard), Emmanuel Taché (Bouches-du-Rhône) et du député UDR Charles Alloncle (Hérault). Les parlementaires tirent la sonnette d’alarme : « L’existence des traditions taurines camarguaises n’a jamais été autant menacée ». Le récent rebondissement avec le désengagement de Groupama, l’un des derniers assureurs de la bouvine, plonge l’écosystème dans un marasme. En raison d’un système d’assurance des jeux taurins « structurellement déficitaire« , Groupama Méditerranée n’assurera plus les activités liées aux jeux taurins à compter de 2026, pointant notamment une « hausse des accidents ».
« C’est clairement la mort de nos fêtes votives »
Frédéric Gras, maire de Saint-Césaire-de-Gauzignan (Gard), esquisse un sombre tableau : « Sans assurance, il sera impossible aux associations, comités des fêtes, clubs taurins, d’organiser abrivado, bandido, encierro, ou tous types de ‘jeux taurins’ dans nos villages. Sans changement, c’est clairement la mort de nos fêtes votives. Et la fin de nos traditions taurines. » Pour rappel, une proposition de loi (notre article) a été déposée le 10 juin dernier, afin que la responsabilité soit imputée à la personne qui est responsable de l’accident, et non pas systématiquement au manadier propriétaire du taureau. Proposition qui n’a pas porté ses fruits. Le sénateur gardois Laurent Burgoa a également adressé un courrier au gouvernement, appelant à un changement de législation en ce sens. Courrier signé par une quinzaine d’élus (notre article).
« Jusqu’à quand les assurances guideront-elles nos modes de vie ? »
Conseiller municipal et communautaire au Grau-du-Roi (Gard), Charly Crespe prend un peu de hauteur. L’enfant du pays camarguais, passionné des traditions, livre sa grille de lecture. « Pour moi, le vrai sujet sont les assurances, pas que des taureaux, mais des collectivités, des campings, en conséquence du réchauffement climatique ». Le même étend la problématique aux particuliers : « La question des assurances des biens doit se poser, ceux situés dans des zones d’aléas ‘feu de forêt’, ‘ inondation’ ou ‘submersion marine’. Jusqu’à quand les assurances guideront-elles nos modes de vie ? Quelle alternative pour y remédier ? Est-ce par exemple, la mise en œuvre d’un fond de solidarité régional regroupant les acteurs publics pour soutenir nos pratiques traditionnelles ? ».
Les projections d’indemnisation en hausse exponentielle
En janvier 2025, la Cour des comptes (CRC) publiait un rapport sur l’aménagement du littoral méditerranéen face aux risques liés à la mer et aux inondations. Ce rapport, issu d’une enquête menée par les trois chambres régionales des comptes de Corse, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie, souligne combien le littoral est menacé. Il révèle par ailleurs que l’action publique n’est pas à la hauteur des enjeux de vulnérabilité des populations et des bâtiments. « À court terme, sur la période 2020-2050, la charge annuelle d’indemnisation projetée des départements littoraux méditerranéens s’établirait à 485 M€ pour les seuls risques inondations (hors submersion marine) », exposait alors la CRC.
Les collectivités « n’ont pas encore pris la pleine mesure des conséquences de l’exposition de leurs territoires aux risques liés à la mer et aux inondations, mais aussi à la mobilité du trait de côte », alerte la Cour. Des collectivités qui se heurtent rapidement à une insuffisance des moyens à disposition. La CRC esquisse quelques solutions. Le financement des mesures d’adaptation pourrait être soutenu par l’utilisation de la taxe sur la gestion des milieux aquatiques (Gemapi). Mais également par l’augmentation des ressources liées à l’occupation du bord de mer. Enfin, des établissements fonciers spécifiques pourraient « porter les mesures de recomposition spatiale avec un financement mixte, associant solidarité nationale, locale et utilisation du littoral ».


