Pendant vingt ans, Patrick Vignal a occupé la scène politique locale : député pendant treize ans (trois fois), conseiller municipal de Montpellier pendant sept ans, conseiller général de l’Hérault pendant quatre ans et adjoint au maire Georges Frêche pendant onze ans. Aujourd’hui conseiller politique de Gabriel Attal (chef de Renaissance, majorité présidentielle), Patrick Vignal semble avoir changé de fusil d’épaule. Il fustige l’entêtement du Président de la République et l’ouragan politique qu’il a amené sur nos côtes.
Plus de 20 ans de politique
Il en aura fait venir, des ministres et autres élus de la Macronie, invités à fouler le sol héraultais. Souvenez-vous d’Éric Dupond-Moretti, ancien garde des Sceaux, à la manade du Levant à Marsillargues, en juin 2024 (notre article). Défait lors des élections législatives, Patrick Vignal a su rebondir avec finesse, au travers notamment de sa casquette de consultant politique sur petit écran.
CNews ? « Il faut apporter de la contradiction »
Aucune réticence à débattre sur la chaine CNews, pas des plus neutres sur le plan éditorial ? « Justement, on me dit que j’ai raison d’y aller pour apporter de la contradiction ! La politique de la chaise vide est une erreur », rétorque le féru de sport, à la tête de son club à Montpellier depuis maintenant 45 ans. Dernièrement, le maire de Montpellier en personne a tenu à le visiter, à l’occasion de l’anniversaire de la salle. « Le père de Michaël Delafosse habitait à Celleneuve, Michaël est par ailleurs adhérent », confie Patrick Vignal qui clarifie : « Vous savez en politique, je n’ai aucun ennemi. J’entretiens des relations cordiales avec tout le monde ».
« Comme Chirac, il faut que les politique aillent tâter le cul des vaches »
Celui qui cultive une parole « libre » sur les plateaux TV, affranchie des « éléments de langage imposés », s’est mué depuis quelques temps en conseiller politique du patron de Renaissance, Gabriel Attal, un des nombreux anciens Premier ministre de l’ère macroniste. « Je prépare ses déplacements, comme je l’ai fait pour sa venue durant trois jours dans l’Hérault à la rencontre des maires, des pêcheurs pour sonder leurs difficultés », commente l’ex-député depuis l’Alsace pour préparer le prochain déplacement. « Comme Chirac, il faut que les politiques aillent tâter le cul des vaches, c’est ce qui leur manque », pointe-t-il avec le sourire.
« Gabriel Attal est un militant, Emmanuel Macron ne l’est pas »
De l’eau a coulé sous les ponts. Le même Gabriel Attal allait récemment jusqu’à affirmer ne « plus comprendre les décisions » prises par le chef de l’Etat. Une trahison à son père politique, Emmanuel Macron ? « Gabriel Attal est un militant depuis ses 22 ans, il a collé des affiches, fait du porte-à-porte. Emmanuel Macron ne l’est pas. Macron fait un mauvais procès à Attal. En attendant, le RN est aux portes du pouvoir », alarme Patrick Vignal. Au dernier chapitre, c’est Gérald Darmanin qui a claqué la porte de Renaissance.
Celui qui accompagne aussi une entreprise de travaux sur le volet des affaires publiques, est sans équivoque : « Le président a fait une erreur avec sa réforme des retraites (mise en suspens depuis, ndlr). Oui, il faudra travailler plus longtemps, mais qui ? Le maçon, le carreleur ? Il y a plus de décès que de naissances, une retraite un peu par capitalisation aurait été intéressante ». Deuxième erreur fatale selon Patrick Vignal : « La dissolution de l’Assemblée, Macron a dégoupillé une grenade qui lui a explosé en pleine figure. avec beaucoup plus de députés RN élus ». Le même de rembobiner sur sa 9e circonscription lors des législatives anticipées : « Nadia Belaouni avait été poussée par la Nupes alors qu’elle ne pouvait pas gagner. Je m’étais retirer pour faire barrage au candidat issu de l’accord entre Éric Ciotti et le RN ». La suite, vous la connaissez.
« Le PS n’a aucun interêt à la dissolution »
Les motions de censure qui ont été déposées par le RN et LFI contre le gouvernement Lecornu sont « des motions de dissolution et doivent être vues comme telles », a prévenu le chef de l’État lors du Conseil des ministres. E.Macron prévient donc qu’il exclut de nommer un nouveau Premier ministre si Sébastien Lecornu est renversé et qu’il prononcera alors la dissolution de l’Assemblée. Le PS, par la voix d’Olivier Faure, a annoncé faire le « pari », en d’autres termes, ne pas activer le bouton rouge de la censure. « Le PS n’a aucun interêt à la dissolution, il risquerait de perdre des plumes. Ses trois principaux chefs sont en ballotage. A mon avis, ce gouvernement va tenir jusqu’aux prochaines présidentielles. Puis, la Macronie va mourrir elle-seule avec le départ du Président », prophétise Patrick Vignal.
Delafosse ? « Il a fait le boulot »
A l’échelle locale montpelliéraine, le feuilleton politique est tout aussi palpitant. Patrick Vignal se montre optimiste quant au bilan de M.Delafosse : « Il a fait le boulot. Par contre il a tout interêt à ce que les travaux s’arrêtent avant les municipales pour que la ville soit apaisée ». L’ancienne ministre déléguée non reconduite, Patricia Mirallès ? « Elle ne s’est pas encore déclarée, d’autant que je sache ». Quid du chef de file EELV, Jean-Louis Roumegas, bien candidat en 2026 ? « Je l’aime bien, mais les écolos sans LFI ne peuvent pas gagner. Roumegas est apprécié dans les quartiers populaires ». Isabelle Perrein qui vise notamment l’électorat du centre et du centre-droit ? « Elle ne fait pas une mauvaise campagne ».
« Chaque parti politique a ses clients »
Le communautarisme électoral dénoncé par certains élus ? « Les citoyens sont des clients aujourd’hui, c’est dur à entendre, mais c’est vrai. Chaque parti a ses clients. Les politiques sont devenus des têtes de gondole. LFI drague sans vergogne les quartiers, pour Le Pen, tout est de la faute des arabes et des noirs ». Les points sur les i.