Lunel : Paulette Gougeon, candidate en 2026 ?

lundi 15 septembre • 16:19
Premiers pas en tant que maire de Lunel, dossiers pris sous le coude, municipales de 2026... Un moment avec Paulette Gougeon, première femme élue maire de la cité Pescalune.

InfOccitanie : Vous avez été élue maire de Lunel le 9 juillet dernier, suite au décès de Pierre Soujol. Dans quel état d’esprit étiez-vous ?

Paulette Gougeon : C’était très intense. Certains élus m’avaient poussée à prendre le flambeau, je n’y avais pas du tout pensé pour être honnête. Peut-être étais-je dans le déni ? Je me disais que Pierre Soujol allait se rétablir. Lors de mes derniers échanges avec lui, il avait insisté sur mes plus de 17 ans passés aux affaires à Lunel, aux travers de mes différentes délégations : travaux, animations, associatif… Il voulait que je prenne le relais. Il y avait une grande confiance entre Pierre Soujol et moi.

InfOccitanie : Avez-vous eu de l’appréhension quant aux responsabilités croissantes qui incombent à un maire de nos jours ?

Paulette Gougeon : De l’appréhension ? Non. Être maire, c’est avant tout un honneur et une grande responsabilité, surtout en tant que première femme maire de Lunel. J’aborde cette mission, que m’a confiée le Conseil municipal à une très large majorité, avec beaucoup d’humilité et de sérieux. Les grands dossiers comme le cœur de ville, la RN113, la gendarmerie ou la cabanisation, je les connais bien et je sais pouvoir m’appuyer sur des élus compétents et des services pleinement mobilisés. Je leur ai rappelé leur priorité. Depuis mes débuts comme conseillère municipale en 2008, adjointe au maire en 2014 puis conseillère départementale depuis 2021, j’ai appris à connaître ces sujets dans toutes leurs dimensions. Et je peux compter sur de solides relations avec nos partenaires institutionnels, en particulier de monsieur le préfet, qui m’a encore assuré de son total soutien. Cela me permet d’avancer sereinement.

InfOccitanie : Il vous a fallu très vite trouver un directeur de cabinet, une des pièces maitresses d’une municipalité…

Paulette Gougeon : Exactement, tout est allé très vite, j’ai été élue le 9, la fête commençait le 12 juillet suivant, il a fallu suivre les évolutions du marché en cœur de ville, agir vite sur les occupations des gens du voyage, assurer la tranquillité publique de manière générale ou encore veiller au bon déroulement des festivités qui ont animé la ville tout l’été. Il me fallait aussi rapidement constituer mon équipe et trouver un directeur de cabinet : Rachid Benmahrouz (ancien collaborateur d’élu à Nîmes, ndlr). C’est quelqu’un de très apaisant, calme, mais aussi ferme quand il le faut. Il a su très vite prendre en main de nombreux dossiers et dispose d’un large réseau. C’est un appui précieux, toujours de bon conseil. On communique beaucoup, et on avance bien.

InfOccitanie : Les femmes sont largement sous-représentées à l’Assemblée nationale. A l’échelle de la politique locale, même constat. Un symbole que de venir la première magistrate de Lunel ?

Paulette Gougeon : C’est un monde masculin il est vrai, il suffit de voir les candidats annoncés à Lunel pour 2026. Quand on est une femme, on nous sous-estime, on nous pense malléable, sauf que c’est mal me connaitre ! Et je compte bien montrer qu’une femme maire peut aussi s’imposer et proposer une approche nouvelle de la politique, plus humaine et proche de ses administrés. Juste après l’élection, je n’ai eu que des encouragements de la part des Lunellois durant la fête et de nombreuses personnalités locales que ce soit du préfet, de parlementaires, du président du Département ou encore des maires de Nîmes et de Montpellier.

InfOccitanie : Quels ont été les premiers dossiers pris sous le coude ?

Paulette Gougeon : Je vous le disais. Celui de la cabanisation, les riverains n’en peuvent plus en raison des nuisances sonores, des problèmes d’hygiène, d’insalubrité… Nous avons rencontré le préfet qui, malgré son agenda, nous a accordés un long moment d’échange. Il va nous accompagner à ce sujet. Puis il y a le dossier de la déviation de la RN 113, le trafic de semi-remorques qui traverse Lunel est inadapté, nos routes ne sont pas calibrées pour, cela crée des embouteillages. Le projet est estimé à plus de 70 millions d’euros. L’étude a coûté 3 millions d’euros, et le coût de préemption est évalué à 3,6 millions d’euros, dont environ 450 000 euros à la charge de la ville. Le tracé n’est pas encore défini, il se fera sur la base d’échanges avec les communes voisines de Lunel-Viel et de Saint- Just. Quant à la nouvelle caserne de gendarmerie non loin du collège Ambrussum, c’est une priorité pour nous, autant que pour le préfet. L’actuelle caserne en centre-ville est vétuste et inadaptée. Cela prend du temps en raison notamment d’une loi imposant de regrouper la caserne opérationnelle et les habitations des gendarmes, environ 110 logements seront créés à cet effet.

InfOccitanie : Sans compter le vaste dossier Métamorph’Ose qui s’étend jusqu’à 2030.

Paulette Gougeon : Tout à fait, il reste notamment l’ilot Pharmacie, avec tout un ensemble d’immeubles totalement insalubres, qui sera repris. Il y également la rénovation de l’ancien temple, rue Sadi Carnot. Tout cela a un coût. Je précise également que nous n’avons pas repris uniquement l’espace public, mais également l’habitat, avec des aides dédiées aux propriétaires qui se poursuivront, le commerce, que nous redynamisons, et nous avons ajouté à cela les usages, en particulier avec la création d’une aire piétonne en centre-ville entièrement sécurisée par notre nouveau centre de supervision urbain (CSU).

InfOccitanie : La Ville de Lunel a perdu la présidence de Lunel Agglo, or il s’agit de la principale pourvoyeuse de recettes fiscales… Une élection contre-nature ?

Paulette Gougeon : La démocratie a parlé, Jérôme Boisson, alors premier vice-président de l’Agglo, a remporté l’élection. Je le connais depuis longtemps, c’est mon binôme au Département. Nous ne sommes pas d’accord sur tous les sujets, mais nous avons toujours travaillé en bonne intelligence. Je suis convaincue que nos concitoyens attendent que nous agissions avec responsabilité et que nous restions rassemblés. En tout cas, c’est dans cet esprit que la Ville continuera à prendre toute sa part, avec constance et engagement, au service de l’intérêt général et du développement de notre territoire. Nous avons d’ailleurs trois vice-présidents à la Ville qui ont intégré cette gouvernance provisoire à l’Agglo. Je suis tous les dossiers de près et nous coopérons au maximum. L’avenir de notre territoire dépend, en effet, de notre capacité à rester unis, à avancer ensemble et à bâtir une Agglomération moderne et proche de ses habitants.

InfOccitanie : Vous aviez la confiance de Pierre Soujol pour concourir au développement de la cité. Pensez-vous être candidate en 2026 pour perpétuer son héritage ?

Paulette Gougeon : Ma seule préoccupation pour l’instant, c’est être au service des Lunellois. Nous sommes dans les projets, dans la continuité des politiques publiques entreprises jusqu’ici, il y a beaucoup de travail. Je ne ferme pas la porte, au regard du contexte national, le maire doit être un gage de stabilité, de repère. Ma décision viendra en temps et en heure.

Linda Mansouri/InfOccitanie.