Silence et tristesse pèsent dans la salle d’audience. Boris* s’approche de la barre. Ce mercredi, il est mis en cause devant le tribunal correctionnel de Montpellier pour homicide involontaire par conducteur d’un véhicule terrestre à moteur.
Le véhicule finit encastré dans un mur
La présidente, Sandrine Lalande, se lance dans le rappel des faits. Soirée du nouvel an 2023-2024. Boris, son cousin et un ami rentrent en voiture après les festivités. Et brusquement, le drame. Au volant, Boris ne voit pas le nouveau rond-point route de Sète, à Villeneuve-lès-Maguelone. Arrivant à très vive allure, il perd le contrôle. Le véhicule finit alors encastré dans un mur. Son cousin, côté passager, est inconscient. Boris essaie tant bien que mal de le sortir. Impossible. Il tente de lui maintenir la tête en attendant l’arrivée des secours. Malgré l’intervention des équipes médicales, la victime n’a malheureusement pas survécu. Il avait 26 ans. Le chagrin est palpable dans la salle d’audience.
Puis, la présidente évoque d’autres détails. À 5h45 du matin, un peu plus d’une heure après l’accident, Boris est positif au dépistage d’alcool et de drogue. « J’avais bu quatre, cinq verres de rhum », confirme-t-il à la barre. Mais ce n’est pas tout. Deux témoins confient avoir vu quelqu’un, quelques minutes après l’accident, jeter une sacoche. Laquelle contenait des produits stupéfiants. L’un affirme que c’était la troisième personne présente dans la voiture, l’autre dit que c’était Boris. L’incertitude persiste toujours aujourd’hui. Puis, à la barre, Boris évoque un autre point. Un véhicule le suivant de très près, il a pris peur et a accéléré. Quelques minutes avant le rond -point.
« C’était comme mon frère »
« C’était comme mon frère », se désole Boris à la barre. Son cousin, c’est chez lui qu’il a vécu à son arrivée dans l’Hérault avant de prendre son appartement. C’est avec lui qu’il passait ses journées. C’est lui qu’il a perdu ce soir de la Saint-Sylvestre. « Je ne nie pas les faits. C’est exactement ce qu’il s’est passé […]. J’ai détruit une famille », poursuit-il avant de demander pardon.
« Comment ça se passe depuis ? », le questionne la présidente. À la suite des faits, le prévenu de 26 ans, dont le casier judiciaire est néant, a vu un psychologue et un addictologue mais n’est toujours pas parvenu à définitivement régler son addiction à la drogue. « C’est le travail qui me permet de tenir et de ne pas tomber en dépression », confie-t-il à la barre.
« C’est une partie de chacun de nous qui est partie »
« C’est une partie de chacun de nous qui est partie », s’émeut le père en s’avançant à la barre. La tristesse envahit l’air. D’après leur avocate, l’attente de la famille du défunt est de connaître ses derniers instants. Quelle était l’adresse précise de cette soirée ? Pourquoi Boris avait-il l’impression d’être suivi par une voiture ? A-t-il jeté cette sacoche remplie de stupéfiants ?
La procureure de la République, après avoir sensibilisé sur le dispositif Sans Accident Mortel (SAM), a tenu à rappeler que cet accident n’a rien de fortuit. Boris était alcoolisé, drogué et roulait à très vive allure. L’enjeu est de savoir « prison ou pas prison », poursuit-elle à la suite de quoi elle requiert cinq ans d’emprisonnement donc quarante-deux mois assortis du sursis probatoire.
« Avoir tué quelqu’un qu’il aimait »
« Il n’y a qu’une famille et ils ont tous le même coeur déchiré », insiste Maître Iris Christol, avocate de la défense. Elle a tenu à rappeler la peine du prévenu, le fait « d’avoir tué quelqu’un qu’il aimait ». Selon elle, il faut trouver une sanction qui « marque les choses sans écraser celui qui reste », estimant que les réquisitions de la procureure de la République sont « des réquisitions de désespoir ».
Après plus d’une heure de suspension, le tribunal correctionnel de Montpellier déclare Boris coupable. Il est condamné à cinq ans d’emprisonnement dont quatre ans assortis du sursis probatoire. La partie d’emprisonnement ferme pourra être purgée sous la forme d’un bracelet électronique. Il est également dans l’obligation de suivre des soins, de travailler, d’indemniser les victimes et de suivre un stage de sensibilisation à la sécurité routière. Son permis de conduire a été annulé et il est dans l’interdiction de le repasser pendant deux ans.
*Prénom d’emprunt.


