La prise de parole du chef d’Etat-major des Armées au congrès des maires à Paris nourrit les divergences. Mercredi 19 novembre 2025, le général Fabien Mandon a demandé aux élus locaux de préparer les citoyens à un possible affrontement avec la Russie ou la Chine dans les prochaines années. Devant les élus, le militaire a estimé que « le moment est particulièrement grave », propos relayés par le site Maire de France et celui de l’Association des maires de France. Selon lui, la situation internationale « se dégrade » et les équilibres mondiaux vacillent, entre désengagement américain en Europe, montée en puissance de la Chine et stratégie offensive de la Russie.
« D’accepter de perdre nos enfants, de souffrir économiquement »
Fabien Mandon a estimé que Moscou « se prépare à poursuivre le conflit armé » et miserait sur une « confrontation pour 2030 avec nos pays et les membres de l’Otan ». Il rappelle que « les Européens sont largement plus forts que la Russie », mais relativise toutefois. « Ce qu’il nous manque, c’est la force d’âme pour accepter de (se) faire mal pour défendre la Nation », a-t-il insisté, évoquant la nécessité « d’accepter de perdre nos enfants, de souffrir économiquement ». S’adressant directement aux maires, qu’il qualifie de « meilleur relais » auprès de la population, le général leur demande d’ouvrir le dialogue dans leurs communes pour sensibiliser les citoyens.
« Si nous ne sommes pas prêts à cela, alors nous sommes en risque. Il faut en parler dans vos communes », a-t-il déclaré. Le chef d’état-major souhaite également mobiliser davantage de réservistes, jusqu’à doubler leur nombre, et appelle les collectivités à faciliter l’installation des militaires, ainsi qu’à mettre à disposition des espaces pour l’entraînement de l’armée de terre. Objectif : que la France soit « prête dans trois ou quatre ans ». « Si nos ennemis voient notre force, ils iront voir ailleurs », affirme-t-il.
Phillipe Ribot : « Je lis trop de réactions extrêmes ou épidermiques »
Phillipe Ribot, président de l’Association des maires du Gard, maire de Saint-Privat des Vieux, ex-UDI, livre son analyse. « Je pense sincèrement qu’il est nécessaire que la plupart des commentateurs réécoute, plusieurs fois si nécessaire, son intervention et ce dans son intégralité. Ce que j’ai fait d’ailleurs. Je lis trop de réactions extrêmes ou épidermiques et me semble-t-il inexactes. Pour avoir échangé avec quelques élus qui n’ont rien de va-t-en guerre et qui ont assisté à son intervention, j’ai la même compréhension que ces derniers. Le CEMA (chef des armées) a simplement présenté le contexte géopolitique nouveau en lien avec la volonté hégémonique de la Russie, celle de toute puissance militaire et économique de la Chine, et surtout le changement de stratégie opéré par les États Unis, amorcé d’ailleurs depuis déjà longtemps Qui se caractérise notamment par le retrait de l’armée américaine de Roumanie. Et je fais l’impasse sur la problématique de l’Afrique dont il a parlé également ».
Patrick Malavieille : « Non aux va-t-en guerre »
Son de cloche opposé du côté de Patrick Malavieille, vice-président du Conseil départemental du Gard (PCF), maire honoraire de la Grand Combe : « ‘Accepter de perdre ses enfants’… Rien n’autorisait le Chef d’Etat Major des Armées à s’exprimer de la sorte devant le Congrès des Maires à Paris. Oui à la défense de la Nation et de notre souveraineté ! Non aux va-t-en guerre, semeurs de malheurs et de désespérance ! Les Maires en congrès ont besoin d’échanger sur les finances locales, sur les questions de santé, de logement, d’environnement, de mobilités. De sécurité et de prévention. D’éducation et de culture ou de sport. Du devenir de la jeunesse, et de la prise en charge du grand âge, de la petite enfance… Bref, échanger sur ce qui fait la vie et non pas ce qui la détruit ».


