Un moment avec Valérie Rouverand, présidente de Renaissance Gard, élue d’opposition à la Ville de Nîmes (groupe Progressistes).
InfOccitanie : aéroport de Nîmes, les 7 nouvelles lignes à partir de mai 2025 n’ont pas recueilli votre adhésion, pour quelles raisons ?
Valérie Rouverand : nous disposons déjà d’un train vers Barcelone, je l’ai pris avec ma famille, il coûte autour de 80 euros. Pour Nice, on peut s’y rendre en voiture sans problème. Ces vols courts sont un non-sens écologique. Lorsque l’on est décideur politique, cela implique une responsabilité qui impacte le quotidien et l’avenir. Je n’ai pas hésité à dire ce que je pensais par communiqué de presse.
Justement, que pensez-vous de la réponse formulée par certains édiles qui vantent l’intérêt de relier l’aéroport à des hubs internationaux pour faire venir la clientèle sur le sol nîmois ?
Sur la forme, cette méthode d’exercer la politique est à l’ancienne. Il n’y a pas de possibilité de débats, on vous attaque lorsque vous osez défendre des positions contraires. Je ne me suis pas sentie intimidée quant aux attaques personnelles sur mes voyages, je dirai toujours mes convictions. Je constate que sept maires, sept hommes, ont signé ce courrier commandité j’imagine par le président de l’Agglo qui, lui, n’a pas signé. Il s’agirait déjà de développer des destinations non concurrentes avec l’aéroport de Montpellier…
Dernièrement, de nouvelles enseignes se sont installées en cœur de ville de Nîmes, Fragonard est annoncé pour 2025. Quel regard portez-vous sur ce regain d’attractivité ?
Il y a, certes, une dynamique sur l’offre de restauration qui se renouvelle. Toutefois, il suffit de franchir la porte et de parler aux commerçants pour les entendre dire que la dynamisation est à la peine. Beaucoup d’animations sont mises en place par les commerçants eux-mêmes, qui se fédèrent selon la rue. Il y a un problème flagrant de concertation et de budget qui n’est pas à la hauteur de l’enjeu.
L’arrivée des Galeries Lafayette à la Coupole de Nîmes, une aubaine selon vous ?
Elles peuvent propulser une nouvelle dynamique économique. Pour autant, la concertation avec les étaliers nîmois quant aux travaux qui les impactent et leur devenir n’est pas au rendez-vous. Les halles sont les poumons de la ville, voilà 35 ans que j’y fais mes courses. Je ne suis pas contre le fait de moderniser, mais le manque de concertation, de travail collaboratif et de coordination avec les étaliers de Nîmes est inacceptable. Les étaliers ont l’impression de ne pas être associés au projet et ont souvent les informations via la presse…
Le budget 2025 de Nîmes Métropole a été revu à la baisse après le tour de vis de l’Etat. L’Agglo mène-t-elle une stratégie financière pertinente ?
L’aéroport de Nîmes est un point coûteux au regard des subventions publiques annuelles. La somme consacrée à la communication et au protocole de Nîmes Métropole est trop importante, au dessus de l’Habitat, de l’Enseignement supérieur ou de la Culture… Je constate que les dépenses de certains postes n’ont pas été revues à la baisse…
Insécurité, où sont les manquements de la Ville de Nîmes d’après vous ?
Nîmes était la seule commune a refusé le Contrat de sécurité intégrée au début des concertations avec l’Etat. Je regrette ces nombreux allers-retours et ce manque de volonté de travailler avec le Gouvernement. Ce contrat a fini par être signé grâce, notamment, à monsieur le préfet. Quel temps perdu au détriment de la jeunesse alors que le narcobanditisme a pris de l’ampleur ces dernières années à Nîmes.
Quelles sont les priorités selon vous pour la prochaine mandature ?
La sécurité, les Nîmois de tous les quartiers doivent pouvoir vivre en paix. Cela repose sur une collaboration solide entre police municipale et nationale. Il faut aussi s’attaquer aux consommateurs de drogue. La transition climatique dans l’une des villes les plus chaudes de France est à réfléchir, en termes de mobilité notamment et de végétalisation qui manque cruellement à Nîmes. Quant à la jeunesse, elle doit être mieux accompagnée au regard de l’enseignement. La qualité de vie nîmoise est à privilégier plutôt que de gros investissements sur les bâtiments…
Quel bilan faites-vous du mandat de Jean-Paul Fournier ?
C’est le mandat de trop, on ne sait pas qui pilote… Il n’y a pas d’écoute, pas de co-construction, ni de concertation. Des choses positives ont été faites, on peut se réjouir de la halle des sports par exemple. Le Palais des congrès est d’un autre temps et coûte extrêmement cher. Plus d’investissements auraient dû être portés sur les mobilités et les parkings relais notamment.
Comprenez-vous l’élu d’opposition communiste Vincent Bouget lorsqu’il évoque « un sentiment de supériorité à droite » à Nîmes ?
Quand des politiques sont installés depuis 25 ans, cela développe un sentiment de toute puissance. En conseil municipal, on entend souvent l’exécutif dire « nous on sait, on a de l’expérience ! ». Ce cycle est terminé, une nouvelle page doit s’écrire pour et avec les Nîmois.
Une femme maire de Nîmes, vous y croyez ?
Les Nîmois sont prêts. Pour ma part, j’ose incarner autre chose, notre société évolue. Les femmes sont aux fonctions, il n’y a qu’à voir le Conseil Départemental ou la Région avec Carole Delga.
Serez-vous candidate en 2026 à la mairie de Nîmes ?
Je n’ai pas encore décidé de la date de déclaration de ma candidature. J’ai écouté les Nîmois lors de mes campagnes pour les élections européennes et législatives. J’ai la liberté totale de rassembler ceux de droite et de gauche modérées. Mon parti, ce sont les Nîmois. Une choses est certaine, je combattrai toujours les extrêmes.
Yvan Lachaud, référent du parti Horizons dans le Gard, risque-t-il de vous faire de l’ombre aux prochaines municipales pour incarner la majorité présidentielle ?
Ce n’est pas une question de concurrence, mais de nouveau cycle. Je ne renie rien du passé, j’envisage l’avenir. Yvan Lachaud a fait partie de cette majorité avec Jean-Paul Fournier et Franck Proust. Place maintenant à une autre façon de faire de la politique pour l’adapter aux enjeux futurs.