Ancienne victime de harcèlement scolaire, Stéphane en a fait son combat. Témoignage du jeune homme de 18 ans basé en Tarn-et-Garonne.
Stéphane entend porter la parole des sans voix, de ceux qui se taisent par manque de confiance ou par peur des représailles. Le jeune homme projette de sillonner les établissements scolaires d’Occitanie dans le but de sensibiliser et conseiller les écoliers comme les parents et le personnel éducatif autour de la lutte contre le harcèlement scolaire. Originaire de Montauban, Stéphane se souvient avec amertume des brimades et des violences physiques commises en groupe. A l’époque, celui qui est « introverti, pas très sociable et très sensible », se retrouve violemment critiqué en classe de 6e pour son physique et notamment son acné. « On me bousculait dans les escaliers, les classes, à l’extérieur », se souvient-il. Hors de question pour autant d’alerter les enseignants par peur des représailles, « on me disait qu’on allait très vite me retrouver… »
Peur des représailles
Très vite, son humeur s’assombrit. Stéphane devient plus agressif à la maison, en proie à des sautes d’humeur. « Je me disais que ça allait se calmer, que les choses iraient mieux, mais ça empirait chaque jour », narre-t-il. Les résultats scolaires entament alors une chute libre. A l’époque, Stéphane à la chance d’être soutenu par son oncle, alors gendarme, ainsi que ses parents.
Le fléau du cyberharcèlement
Dans son établissement, les téléphones portables étaient interdits. Pourtant, le numéro de Stéphane est subtilisé et transmis vitesse grand V. « Je recevais des menaces de mort, ainsi que mon entourage », relate l’intéressé. Au moment de porter plainte contre ce cyberharcèlement, on lui fait comprendre que « la seule solution est de bloquer les personnes ». Stéphane se sent impuissant : « ça m’a beaucoup énervé, je ne comprenais pas pourquoi on s’en prenait à moi juste pour mon physique ». En cinquième, un rendez-vous est pris avec la direction de l’école. « Comme souvent, c’est la personne harcelée qui se retrouve à changer d’établissement », se désole Stéphane. Pour autant, le jeune homme ne baisse pas les bras. Une association « Vivre ensemble en Tarn-et-Garonne » est mise sur pied pour sensibiliser les jeunes et leur prodiguer des conseils, via des groupes de parole ou des réunions publiques.
Sensibiliser les jeunes, le personnel éducatif et les parents
Actuellement en service civique dans une école, Stéphane est au contact régulier de la jeunesse, « cette cause me touche tellement », confie-t-il. Aider les autres, renforcer le relationnel, désinhiber la parole et donner des outils pour se protéger, autant d’objectifs portés par Stéphane qui sollicite les services de la Région et de nombreuses collectivités en vue d’intervenir dans les établissements scolaires. L’objectif à terme est de se former au statut d’ambassadeur de la lutte contre le harcèlement scolaire auprès des académies et ainsi bénéficier d’un agrément officiel pour faire rayonner son action à plus grande échelle. « J’ai beaucoup travaillé sur moi, si j’ai un conseil à donner, c’est d’en parler autour de soi, de se faire confiance et de ne pas se décourager », indique-t-il. Une adresse mail a vu le jour pour recueillir des témoignages et tenter de répondre au cas par cas : chezstephane82@gmail.com. En cas de harcèlement scolaire, composez le 3018 : numéro gratuit, anonyme et confidentiel disponible 7j/7, de 9h00 à 23h00.