Suite à l’incendie des six camions de la Banque alimentaire du Gard pour un préjudice d’environ 500 000 euros, le président Joseph Pronesti penche vers la thèse d’un acte malveillant.
« On voit clairement dans les images de vidéo-surveillance une silhouette s’approcher du camion, ouvrir la porte de derrière et balancer quelque chose à l’intérieur du camion. Trente secondes après, une fumée apparait et l’incendie se déclenche », narre le président de la Banque alimentaire du Gard selon qui l’incendie est clairement « criminel et prémédité », bien loin d’une thèse de l’accident. Dans la nuit du 27 au 28 décembre, Joseph Pronesti est alerté d’un virulent incendie dans le parc sécurisé de véhicules, situé marché Gare, où est basé l’entrepôt de la Banque alimentaire du Gard, laquelle distribue 13 000 repas par jour avec 90 associations gardoises partenaires.
« Je me mets à chialer »
« Quand je suis arrivé vers 1h du matin, les pompiers étaient déjà partis, le feu était maitrisé, c’était l’obscurité totale, c’était sinistre », relate-t-il un trémolo dans la voix. Premier réflexe, Joseph Pronesti se précipite dans les locaux de la BA30 pour faire une ronde de l’entrepôt et voir si quelqu’un s’y trouve. La première pensée qui le traverse : « on venait de finir la collecte en grande distribution avec 139 tonnes de produits, comment allions-nous faire pour distribuer les denrées aux familles gardoises à l’approche de Noël ? ». Très vite, « une boule d’angoisse » le submerge, il se met « à chialer », rentre chez lui et ne pipe mot à son épouse.
« Il n’est pas venu avec un briquet et du papier journal ! »
Qui a bien pu commettre un acte aussi terrible ? « J’ai beaucoup réfléchi, plusieurs thèses se dessinent, dont l’acte d’extrémistes qui désapprouvent le fait d’aider les plus démunis. Nous ne sommes pas la cause de la pauvreté, nous représentons juste un réconfort journalier, je ne comprends pas », soupire-t-il. Le malfaiteur aurait-il eu des déboires avec la BA30 ? « On a été obligés de prendre des décisions un peu dures, de renvoyer certains bénévoles qui ne respectaient pas l’éthique de la Banque alimentaire. Mais je ne vois pas des bénévoles faire ça pour un croissant et du yaourt. Cela me parait impossible », juge Joseph Pronesti qui rappelle que le malfaiteur a pris le temps de préparer un « agent incendiaire », et n’est pas venu simplement avec « un briquet et du papier journal ».
Vague de solidarité
Très vite, une vague de solidarité s’organise dans le Gard. Les dons affluent, le Crédit Mutuel donne 50 000 euros, 13 intercommunalités gardoises, dont l’Agglo de Nîmes et d’Alès, se mobilisent pour une aide de 100 000 euros, la Ville de Nîmes fait don de 10 000 euros, celle de Beaucaire, 5000 euros. En parallèle, une cagnotte réunit environ 8000 euros (disponible en cliquant ici). « Tous ces petits ruisseaux vont faire qu’on devrait arriver à avoir le montant pour renouveler la flotte », se rassure le président qui espère être indemnisé à hauteur de 150 000 euros auprès de l’assurance. Plus encore, les entreprises voisines au marché Gare n’ont pas hésité à prêter, voire donner, un camion pour poursuivre la collecte et la distribution de denrées aux Gardois. « Cela m’a tellement touché, les bénévoles ont également proposé d’utiliser leur véhicule personnel avec des glacières pour la collecte… », narre-t-il avec émotion. Mercredi 4 décembre au matin, Joseph Pronesti était au commissariat dans le cadre de l’enquête suite à la plainte qu’il a déposée. « Ils sont très impliqués, tout comme le préfet qui m’a contacté le matin même, mais pour le moment, aucune piste sérieuse ne se dégage », déplore Joseph Pronesti.