ZFE : il règle ses comptes. Laurent Jaoul clarifie quelques points au sujet d’une récente polémique qu’il caractérise de « manipulation politicienne » fomentée par les « cadres PS » de Montpellier. Même après la suppression par les députés, mercredi 28 mai dernier, des « Zones à faibles émissions » (ZFE), la mesure ne cesse d’alimenter les tensions à Montpellier. Un article du Canard enchaîné, sujet à nourrir des suspicions d’homophobie à l’encontre du maire de Saint-Brès, principal instigateur du combat contre la ZFE à Montpellier, est venu jeter les braises.
Le « mur du çon », écrit dans le Canard Enchainé
Dans cet article du Canard enchaîné en date du 11 juin dernier, relayé par le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, peut-on lire en guise de titre : « Le mur du çon », suivi de cette première ligne : « franchi plein pot par le nommé Laurent Jaoul, maire de Saint-Brès (Hérault) qui s’en prend à son collègue, Renaud Calvat, premier vice-président de la Métropole« .
Un court extrait d’un long courrier envoyé aux 31 maires
Toujours dans cet article du Canard enchainé, relayant un court extrait d’un long courrier* de Laurent Jaoul adressé aux maires de la Métropole, peut-on lire : « Ce dernier (Renaud Calvat, ndlr) a eu le malheur de soutenir le projet de ZFE dans un article de Midi Libre, en précisant : ‘mon conjoint conduit une vieille Fiat Punto essence, cotée 1200 euros, mais classée Crit’air 1′ ». Laurent Jaoul avait alors rétorqué dans son courrier envoyé aux maires : « soit c’est une plaisanterie de très mauvais goût pour les ménages modestes qui n’avaient pas les moyens d’acheter un nouveau véhicule, soit il s’agit d’une voiture à pédales ».
Des réactions en cascade
Cet article du Canard enchaîné a rapidement été partagé sur les réseaux sociaux, notamment par le sénateur PS de l’Hérault, Hussein Bourgi, accompagné de ce commentaire : « Andy Warhol écrivait : ‘A l’avenir, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité mondiale’. « Pour ma part, je rajoute : ‘hélas, et ce n’est pas toujours le meilleur. Plein et entier soutien à mon ami Renaud Calvat et à son compagnon ».
Ni une ni deux, le maire/président de Montpellier, Michael Delafosse, profite de cette occasion et déclare sur Facebook : « Tout est dit et bien dit M. le sénateur Hussein Bourgi, plein soutien à Renaud Calvat et son compagnon ». Julie Frêche, vice-présidente en charge des Mobilités, abonde en harmonie : « Ce n’est pas l’amour qui doit être caché mais la haine. Soutien total à mon ami Renaud Calvat et à son conjoint ».
« Ce passage a manifestement été instrumentalisé »
Laurent Jaoul, ulcéré par la « récupération », réagit aussitôt : « Ce mercredi 11 juin, Michaël Delafosse, président de la Métropole de Montpellier, Hussein BOURGI, sénateur de l’Hérault, et Julie Frêche, conseillère municipale de Montpellier, ont mis en cause mon intégrité en relayant et commentant un article publié ce jour dans Le Canard Enchaîné ».
Pour le maire de Saint-Brès, l’extrait de son courrier envoyé aux maires de la Métropole est cité de « manière tronquée et hors contexte ». Il justifie : « Ce passage a manifestement été instrumentalisé à des fins politiques, alors même que mes propos n’avaient jusque-là suscité aucune interprétation polémique de la part des destinataires dont Michael DELAFOSSE faisait partie ». Laurent Jaoul dit ne pas « céder, ni à la pression ni à l’intimidation de ces cadres du Parti Socialiste qui, malgré leur désaveu, militent encore pour un retour de la ZFE ».
« L’irréalisme et le mépris social de Renaud Calvat »
Laurent Jaoul justifie : « je tiens à rappeler que ma référence aux voitures à pédales utilisées par les enfants visait uniquement à illustrer l’irréalisme et le mépris social de Renaud CALVAT, qui considérait qu’un véhicule à 1 200 € constituait une solution pour les ménages modestes. J’ai donc eu recours à l’ironie pour dénoncer une proposition déconnectée de la réalité. Toute autre lecture de cette phrase est fallacieuse, malveillante et relève d’une manipulation politicienne« .
« Des insultes et des menaces graves à mon encontre »
Les élus cités portent selon le maire la » responsabilité d’une campagne de dénigrement », qui auraient conduit selon Laurent Jaoul à des « insultes et des menaces graves » à son encontre. Le même de conclure : « Faute d’arguments solides, ils tentent de masquer le rejet croissant de la ZFE par la population, une mesure contre laquelle je me suis engagé et que j’ai contribué à faire reculer, tant à Montpellier qu’à l’échelle nationale ».
* « Lettre ouverte aux Maires de la Métropole de Montpellier. En réaction aux propos de Renaud CALVAT ce dimanche dans Midi Libre. Madame la Maire, Monsieur le Maire, Nous sommes 23 maires sur 31, au sein de la Métropole de Montpellier, à avoir pris une position claire, responsable et courageuse contre l’application aveugle des Zones à Faibles Émissions (ZFE). En adoptant, dans vos conseils municipaux, la délibération que je vous avais proposée, vous avez fait entendre la voix des territoires, celle du bon sens, de la justice sociale et d’une écologie pragmatique. Cette délibération n’était pas un simple vœu symbolique. Elle a été le levier décisif d’un combat que j’ai porté à l’échelle nationale aux côtés de mon ami Alexandre JARDIN. Elle a inspiré d’autres communes partout en France, bien au-delà de notre territoire. Grâce à votre mobilisation, notre action a franchi les murs du silence institutionnel pour résonner jusqu’à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, c’est un fait politique majeur : la loi instaurant les ZFE a été abrogée. Nous devrions pouvoir collectivement saluer cette avancée démocratique. Huit Français sur dix sont opposés aux ZFE. Mercredi soir, après le vote des députés, des centaines de milliers de nos concitoyens ont accueilli cette décision comme une grande victoire populaire, celle de la raison, du bon sens et de la justice sociale. Mais voilà qu’aujourd’hui, une petite minorité refuse encore d’entendre ce message et tente de le caricaturer. Parmi eux, notre collègue Renaud CALVAT, premier vice-président de la Métropole. Ce dimanche, dans notre quotidien régional Midi Libre, le maire de Jacou a tenu plusieurs propos méprisants, dénonçant une prétendue « hystérisation » de notre combat, insinuant même de supposées alliances entre l’extrême droite et l’extrême gauche pour faire abroger les ZFE. Ces déclarations ne sont pas seulement insultantes pour les maires libres et indépendants que nous sommes, elles constituent aussi un affront à nos concitoyens. Parler d’« hystérisation » du débat, évoquer des alliances politiques pour discréditer notre action collective, c’est mépriser non seulement les élus municipaux que nous sommes, mais aussi votre engagement d’élus de terrain. Mercredi soir, lors de l’adoption du cavalier législatif abrogeant les ZFE, j’ai suivi les débats à l’Assemblée nationale. Le vote des députés a rassemblé une large majorité transpartisane : seuls les groupes « Socialistes et apparentés », « Écologistes » et quelques macronistes isolés s’y sont opposés ou se sont éclipsés, à l’image de notre députée Fanny DOMBRE-COSTE, seule parlementaire de notre intercommunalité à défendre la ZFE, mais courageusement absente de l’hémicycle au moment du vote. Faut-il rappeler à Renaud CALVAT que, lorsqu’il agite l’épouvantail de l’extrême gauche ou de l’extrême droite, le seul maire mélenchoniste de notre EPCI, René REVOL, membre de La France insoumise et vice-président de la Métropole, a précisément refusé de faire voter notre délibération au Conseil municipal de Grabels, par fidélité partisane au président Michaël DELAFOSSE ? Où est l’extrémisme, quand ce sont des maires républicains, de toutes sensibilités, pour la plupart sans étiquette, qui ont porté cette délibération contre les ZFE avec conviction ? Ce procès en illégitimité, cette tentative de travestir la réalité, n’a qu’un but : masquer une défaite politique sans précédent pour le premier vice-président de la Métropole, qui persiste ce dimanche, dans les colonnes de Midi Libre, à défendre une ZFE à Montpellier, allant jusqu’à prétendre que l’on peut s’y conformer avec une voiture qui coûte seulement 1 200 euros. Soit c’est une plaisanterie de très mauvais goût pour les ménages modestes qui n’avaient pas les moyens d’acheter un nouveau véhicule, soit il s’agit d’une voiture à pédales utilisée par les enfants dans les cours de nos écoles. N’en déplaise à Renaud CALVAT, cette victoire contre les ZFE est la vôtre : celle de maires qui ont su, malgré les pressions politiques, dire non à l’inacceptable. Celle de femmes et d’hommes qui n’ont pas confondu loyauté à l’exécutif et soumission partisane. Alors, même si notre collègue premier vice-président a le mérite de conserver son originalité avec l’exploit d’être en minorité à la Métropole, face à 23 maires, une majorité de députés et une immense majorité de Français, il serait judicieux qu’à l’avenir, il évite de nous donner des leçons de morale. Notre victoire contre les ZFE est historique. Nous sommes 23 maires à y avoir largement contribué. Pour tout cela, je tenais une fois de plus à vous adresser mes remerciements sincères et chaleureux. Laurent JAOUL »