Montpellier : Cité Bergère, l’avocat des propriétaires dénonce « les mensonges et imprécisions » du collectif

vendredi 24 octobre • 11:12
La terre agricole de la Cité Bergère, quartier des Beaux-Arts à Montpellier, fait couler beaucoup d'encre.

Maître Jean-Marc Maillot, avocat au barreau de Montpellier, spécialiste en droit public, a bondi de sa chaise en lisant notre article. Dans nos colonnes, nous faisions part de la volonté du Collectif Cité Bergère de mettre fin au projet immobilier sur une parcelle agricole privée, l’une des rares en centre-ville de Montpellier : la Cité Bergère. Cette terre maraîchère, située au 21 avenue Saint-Lazare, quartier des Beaux-Arts, devrait accueillir un programme immobilier, le permis de construire étant affiché depuis août 2025. Une terre de fruits et légumes que le collectif de riverains et militants souhaite préserver pour le « bien commun », faisant notamment valoir la Charte de l’environnement et le droit à un « environnement sain ».

La pétition est « mensongère »

A ce titre, une pétition a été mise en ligne par le collectif, récoltant plus de 26 000 signatures. Maître Jean-Marc Maillot fustige alors : « Cette pétition alarmiste balaie toutes les négociations passées entre la famille et les services de la Ville. Elle indique par ailleurs que la Cité Bergère est menacée de disparition, c’est absolument faux. Beaucoup de proches des propriétaires sont allés les voir, partageant leur soutien et indiquant avoir signé ! ». L’avocat de la famille propriétaire Colomina plante le décor : « Cela fait quarante ans qu’ils vivent, cultivent leur terre et vendent des fruits et légumes ici. Ce sont des amoureux de la terre sur plusieurs générations, de vrais maraichers. Il y a deux frères, une soeur et la mère ». La vaste parcelle comprend ainsi la maison habitée par la maman, un espace boisé classé, un espace de maraichage et la fameuse parcelle qui donne sur l’avenue Saint-Lazare.

Des frais de succession justifiant ce projet immobilier

En conseil municipal du jeudi 16 octobre 2025, le maire Michaël Delafosse rappelait au sujet de cette parcelle : « Nous sommes passés de 100% dans l’ancien PLU à 20% constructible dans le nouveau PLUI ». Le même tenait à rassurer : « Une partie non négligeable est préservée et classée agricole, y compris la façade patrimoniale. Les propriétaires privés de cette parcelle me regardent avec des gros yeux, c’était leur bien et nous avons réduit considérablement leur valeur ». Pourquoi donc ce projet immobilier de deux bâtiments et 69 habitations ? En raison du décès de monsieur Colomina. « La famille va être obligée de payer les droits de succession nécessaires, la vente d’une partie de la parcelle à un promoteur permet de payer leurs frais de succession mais également d’entretien de la parcelle, tout en continuant à cultiver la terre. C’est un compromis financier », expose Me Maillot.

Selon l’avocat, l’urbanisation occupera 1 350m2 au sol, et la parcelle globale (incluant notamment la maison) est de 7 953 m2, laissant au total 17% d’emprise pour le projet immobilier. Cette parcelle, de nombreux promoteurs lorgnent dessus depuis des années, insiste l’avocat qui dénonce une « présentation mercantiliste insupportable des propriétaires ». « Les Colomina ont reçu des propositions avec quatre bâtiments sur leur terre qui n’ont pas été acceptées », narre l’avocat qui invoque un paradoxe. « Nous sommes à 500m du Corum. Les riverains en question habitent bien des immeubles construits sur un bien commun ? Pourquoi mes clients devraient être blâmés au motif que tout est urbanisé autour ? ».

Impact environnemental

Par ailleurs, le collectif regrette une considération écologique sacrifiée : « Il n’y a pas eu d’étude d’impact environnemental, du fait des risques d’inondation, de la biodiversité, etc. Une étude hydraulique a été commandée par le propriétaire, on réclame une contre-expertise ». Maitre Maillot oppose : « Le promoteur a fait toute les études obligatoires dictées par le code de l’urbanisme, il est même allé bien au-delà, notamment en matière de bassin de rétention ».

Proposition de rachat par la Ville, « c’est ubuesque »

Concernant l’une des propositions faite par le collectif de rachat par la Ville de Montpellier de la parcelle : « C’est ubuesque, le terrain ne vaut pas un prix donné, mais le potentiel qu’il représente. Un terrain destiné à une parcelle agricole ou à des logements n’aura pas la même valeur. La Ville sera tenue par l’avis des Domaines (direction étatique), le prix sera forcement inférieur à ce que le promoteur peut proposer pour construire des bâtiments ». Autre problématique selon l’avocat : « Recourir à de l’argent public sur une opération d’ordre privé ». Les riverains ont déposé un recours gracieux contre le permis de construire, adressé à la Ville de Montpellier. Une réunion devrait avoir lieu le 6 novembre prochain entre les propriétaires, le collectif et les services de la Ville pour démêler ce noeud.

Linda Mansouri/InfOccitanie.