Boris Béchard, Jonathan Altier et Nicolas Dussaud. Trois agriculteurs ont décidé de réunir leur savoir-faire pour penser l’alimentation de demain. Dans un contexte agricole et viticole en tension, illustré par des changements de consommation, le dérèglement climatique, la raréfaction de l’eau, la concurrence déloyale…, les Gardois ont tenté de regarder loin devant afin de renforcer notre fameuse résilience alimentaire. « L’idée est née en 2024 lors des manifestations des agriculteurs sur l’A9. On ne se connaissait pas beaucoup, mais sur le moment on a beaucoup échangé, on a tissé des liens », se remémore Jonathan Altier, à la tête d’une trentaine d’hectares de vignes et de céréales à Sainte-Anastasie, à quelques pas d’Uzès.
Avec les deux autres passionnés de la terre, agriculteurs à Calvisson et Castelnau-Valence, ils réfléchissent à l’après. « La solution de l’arrachage, si elle est réalisée dans de bonnes conditions financières, permet à ceux qui sont proches de la retraite de partir dignement par exemple », note Jonathan Altier. Pour les autres exploitations qui font face à des difficultés d’écoulement de leur vin par exemple, l’arrachage est une fenêtre ouverte sur la diversification de cultures. C’est de ce constat qu’est née en novembre dernier l’association Les Perles du Gard, dont Jonathan Altier a été propulsé président.
« On a d’abord testé sur une petite parcelle »
Autour de la table, les réflexions vont bon train. Il convient alors de trouver des cultures alternatives non gourmandes en eau, tout en assurant l’accès à des marchés porteurs économiquement. C’est vers la filière des légumineuses que les trois agriculteurs se tournent. Des cultures à la fois nourrissantes, durables et adaptées au climat local. « On a d’abord testé sur une petite parcelle pour ne pas prendre de risques. On a planté en décembre 2024 et récolté en juillet 2025. Ça marchait super bien ! », se réjouit notre hôte. Les légumineuses occupent une place majeure dans la transition alimentaire. Riches en protéines végétales, elles offrent une alternative saine et accessible, tout en apportant des bénéfices agronomiques importants. « Elles régénèrent naturellement les sols, réduisent la dépendance aux engrais azotés et participent à une agriculture plus autonome », énumèrent les agriculteurs.
Une filière alimentaire « durable et locale »
Développer collectivement une filière alimentaire « durable, locale et résiliente », qui relie producteurs, transformateurs et consommateurs autour d’un même territoire ; renforcer la souveraineté alimentaire, en valorisant des cultures gardoises capables de répondre aux besoins du territoire. Voilà le ‘pitch’ qui est alors présenté à la Chambre d’agriculture du Gard pour tenter de convaincre. Très rapidement, cette dernière en décèle le potentiel et soutient la création de cette filière inédite, en mettant à disposition des techniciens pour l’ingénierie de projet et la mise en relation, ou en aidant à la recherche de subventions.
Des « graines d’avenir, pour nourrir nos territoires »
Dans un premier temps, la filière se concentre sur la culture de lentilles vertes et de pois chiches, deux légumineuses « adaptées au climat méditerranéen ». À terme, l’objectif est d’élargir la gamme avec des lentilles corail, haricots rouges, du quinoa, afin de proposer une offre complète et accessible. « Nous proposons nos produits dans la restauration collective, les cantines des établissements. L’objectif premier est vraiment de permettre aux nouvelles générations de manger sainement », abonde Jonathan Altier, jeune papa, tout comme ses deux associés dans cette aventure.
Mas des Agriculteurs, marché d’Uzès
Plusieurs packagings sont proposés. Des paquets de un kilo sont à la vente au détail, notamment au Mas des Agriculteurs à Nîmes et au marché d’Uzès les mercredis et samedis. D’autres épiceries, magasins de producteur et caves coopératives viendront se greffer aux points de vente. Les emballages de 5 kg sont quant à eux destinés à la restauration collective. « On prépare également une version cuite des légumineuses pour les cantines », précise Jonathan Altier qui ne manque pas de recettes : « le houmous de lentilles et pois chiches est un classique, c’est délicieux, on peut même faire des gâteaux aux lentilles. Et puis il y a les recettes classiques de salades fraîches pour l’été, ou de recettes plus chaudes pour l’hiver, le pois chiche se marie avec beaucoup de choses ». En sus de renforcer notre souveraineté, ‘Les Perles du Gard’ bénéficie du label HVE : Haute Valeur Environnementale. Restez connectés à leurs actualités : cliquez ici.