Gard : Théo Guigue, plus jeune maire du département en devenir à Sauzet ?

mardi 28 janvier • 19:04
Dans le village de Sauzet, Théo Guigue, 22 ans, pourrait devenir en 2026 le plus jeune maire du Gard. Rencontre.

Infoccitanie : quel est votre parcours ?

Théo Guigue : J’ai 22 ans, je suis titulaire d’un Master 2 en finance à l’Université de Montpellier. Je vise une thèse en économétrie et « machine learning », portant sur l’IA. L’économétrie consiste à établir des modèles mathématiques de prévision, concernant la croissance du PIB ou du chômage par exemple.

InfOccitanie : vous vous êtes engagé très tôt au profit des habitants de Sauzet. Pouvez-nous nous en dire plus ?

Théo Guigue : J’ai été président du comité des fêtes pendant deux ans. J’ai toujours habité à Sauzet, tout comme mes parents et mes arrière-grands-parents. Je suis très attaché à mon village d’environ 840 habitants. J’ai commencé à m’impliquer dans les fêtes à 12 ans. A 18 ans, j’étais trésorier du comité, puis en tant que président, j’ai été amené à gérer un budget de 90 000 euros pour cinq jours. Le comité des fêtes, c’est un peu une mini-mairie, les habitants nous sollicitent beaucoup.

InfOccitanie : après 7 mandats en tant qu’adjoint, puis maire de Sauzet, Joseph Artal a annoncé ne pas se représenter en 2026. Serez-vous candidat ?

Théo Guigue : Oui, je serai candidat. J’ai mis un an pour y réfléchir et me décider. Je suis allé voir les habitants du village pour sonder leurs préoccupations. Puis, certains ont voulu me rejoindre. Ce n’est pas tout de dire « je suis candidat », il faut réunir autour de soi une liste. Je suis foncièrement attaché à mon village et souhaite impulser un nouveau souffle.

InfOccitanie : vous allez sur vos 23 ans, votre jeune âge est-il un handicap ?

Théo Guigue : Je pensais au début, mais finalement cela a été une belle surprise. Je n’ai essuyé aucune réflexion sur mon âge. Au contraire, trois adjoints et un conseiller de l’équipe municipale ont décidé d’adhérer à mon projet et de me suivre dans ma liste qui est presque complète. Ainsi, Sylvie Dumont, Jean-Marc Noël, Roselyne Griot et David Robert figurent sur ma liste, avec d’autres profils attachés à Sauzet, de tous les âges et de toutes les professions.

InfOccitanie : quel bilan faites-vous du maire ?

Théo Guigue : Avec son prédécesseur, ils ont été visionnaires. L’école qui accueille 90 élèves a été refaite, de gros problèmes au château d’eau ont été solutionnés, le village a été embelli, végétalisé, certaines zones rénovées. Certaines rues n’avaient pas encore de nom à l’époque, c’est vous dire d’où l’on partait… J’ai informé le maire de ma candidature, il s’en doutait et je pense qu’il croit en moi. Cela m’honore.

InfOccitanie : que souhaitez-vous impulser pour Sauzet ?

Théo Guigue : Je ne suis ni dans la continuité, ni en rupture. D’après les habitants questionnés, le cœur de ville est trop peu vivant. J’ai pour ambition de le dynamiser en attirant des commerces, sur une vision à long terme qui passera par de la rénovation. La sécurité est également une préoccupation pour les habitants. Les incivilités sont trop prégnantes, le parc de jeux pour enfants est vandalisé régulièrement, les tuiles de la bibliothèque sont jetées sur la route… La commune connait des points de deal, certains m’envoient des vidéos. Il faut agir également en matière de sécurité incendie, les pistes en forêt ne sont pas suffisamment entretenues dans le nord du Gard, destinées à l’accès des camions de pompiers, par manque de moyens. Sauzet doit prendre le tournant du numérique également, afin de faciliter le travail des agents et de mieux communiquer vis-à-vis des habitants. Puis, je souhaiterais installer un conseil municipal des jeunes afin de les appliquer davantage dans la vie démocratique et les valeurs de la République.

InfOccitanie : quelle est votre étiquette politique ?

Théo Guigue : Mon parti politique, c’est Sauzet. Je souhaite m’engager pour mon territoire et fédérer autour d’un projet commun. Pour ce faire, j’entends travailler en bonne intelligence avec Nîmes Métropole. Les jeunes ont toute leur part à prendre dans la conduite de politiques publiques.

InfOccitanie : quels sont les défis que vous aurez à relever ?

Théo Guigue : L’empilement des normes, les process administratifs interminables, les contraintes juridiques… La façon de diriger une commune n’est pas la même qu’il y a vingt ans. Un maire rural doit pouvoir tout prendre en charge et composer avec des leviers fiscaux restreints. Quant au PLU et à la loi ZAN qui restreignent l’artificialisation des sols, les contraintes de l’Etat sont incompatibles avec le développement économique des communes. Je suis en faveur de l’écologie, mais on ne pourra plus rien bâtir à ce rythme.

InfOccitanie : êtes-vous la seule liste déclarée pour le moment ?

Théo Guigue : Oui, c’est ce que je crois comprendre. Après, on me souffle qu’une liste peut se constituer en six mois. Pour ma part, cela fait un an que je multiplie les rendez-vous afin d’identifier ce qui est possible de faire. Je ne vais pas tout révolutionner évidement, mais je compte apporter beaucoup de choses aux habitants.

Linda Mansouri/InfOccitanie.