Quel lien l’accusé entretenait avec vous, sa belle famille ? « Au début, ça se passait bien. Il n’y avait aucune raison de ne pas s’entendre avec lui mais ça restait cordial. Quelques mois avant le drame, la relation s’est dégradée car on a appris que Halima était victime de violences« .
« Il est venu briser une famille«
« J’aimerai faire comprendre la violence de ce qu’il s’est permis de faire. Il est venu briser une famille. Il a laissé des enfants orphelins. Mon neveu, le fils de Fatima, est orphelin de père et de mère. À 26 ans, il n’a plus personne car il (Mohammed O. ndlr) a décidé de lui prendre sa maman. Aujourd’hui, il a brisé la famille de Fatima, qui avait un enfant, et de Halima, qui avait un enfant. On passe de 6 frères et soeurs à 4« .
« On subit le quotidien, on subit la vie«
Depuis le drame jusqu’au procès, comment avez-vous vécu ces deux années d’attente ? Aujourd’hui, comment abordez-vous le procès ? « On attendait le procès avec impatience. On attendait que la justice le condamne à la hauteur des faits. Entre le drame et le procès, notre vie s’est arrêtée. Je me rends compte que deux années sont passées. Pour moi, c’était hier. On ne s’en relève pas. On subit le quotidien, on subit la vie. Quand le soleil se lève, on se lève. Quand le soleil se couche, on va se coucher. On n’a plus de but, on est perdus, brisés et on souffre. On attendait ce procès pour aller de l’avant et pouvoir peut-être entamer un deuil réel« .
« On attendait des excuses«
L’accusé reconnaît les faits pour sa belle-soeur, Fatima. Cependant, il relate une toute autre version pour sa compagne, Halima. Elle aurait chuté au niveau du couteau. Il nie donc l’avoir tuée. Comment percevez-vous sa ligne de défense au cours du procès ? « Au procès, on pensait qu’il allait regretter et se remettre en question. Finalement, il dit que Halima était sa propriété et que Fatima l’a mérité. On attendait des excuses mais on se rend compte que pas du tout. Il continue réellement à être dans son déni« .
« Il faut partir, alerter, dénoncer«
Qu’aimeriez-vous que les gens retiennent de ce drame ? « N’importe quelle femme doit pouvoir se protéger. Il ne faut pas patienter en estimant que les choses peuvent s’arranger malgré les violences ».
« Notre soeur Halima, du fait de sa maladie, n’avait pas la force de se battre. Mais, à l’arrivée de son enfant, elle a eu la force de le quitter. Ce que je peux conseiller aux victimes de violences conjugales est qu’il ne faut minimiser aucun acte de violence. Il faut partir, alerter et dénoncer. Il ne faut pas avoir honte« .
« Halima pensait que c’était que de passage mais non, ça ne passe pas. Aujourd’hui, dans ce malheur, Halima a eu sa soeur, Fatima, qui a tenté de la protéger jusqu’au bout. J’ai fait aussi énormément de démarches et je l’ai protégée comme j’ai pu. Mes frères étaient là, ma famille était là. Halima était entourée même si c’est venu trop tard parce qu’on n’avait pas connaissance de la situation. C’est ce qui a fait qu’elle n’est plus là aujourd’hui et que ma grande soeur, Fatima, non plus parce qu’elle a voulu protéger Halima« .
« Cela nous donne le sentiment de repartir à zéro« .
Ce mardi 1e juillet, Mohammed O. a été reconnu coupable des meurtres de Fatima et de Halima. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 18 ans. Cependant, il a décidé de faire appel. Que ressentez-vous ? « Toute la famille ainsi que les proches sont satisfaits de la peine. Mais, nous sommes déçus qu’il fasse appel car cela nous donne le sentiment de repartir à zéro. Au prochain procès, il va nous faire revivre le récit. Nous allons revoir les photos qui nous ont tant bouleversées« .