Nîmes Métropole : Orientation budgétaire 2026, « gestion rigoureuse » ou « autosatisfaction » ?

jeudi 06 novembre • 16:12
Les municipales nîmoises se sont invitées dans le débat d'orientation budgétaire 2026 à Nîmes Métropole.

Une cinquantaine de délibérations a animé les débats en conseil de Nîmes Métropole, mardi 4 novembre dernier, l’essentiel gravitant autour du ROB 2026 ou « Rapport d’orientation budgétaire ». Une dénomination quelque peu technique pour un document stratégique, définissant les engagements pluriannuels, ainsi que la gestion de la dette de la collectivité. Le dernier ROB de la mandature du Républicain Franck Proust, président de Nîmes Métropole, par ailleurs candidat aux municipales de Nîmes, a été voté.

« Un effort global de 4,6 milliards d’euros demandé aux collectivités territoriales »

Un ROB soumis à l’étau de l’Etat, les collectivités étant contraintes de participer à « l’effort de redressement des comptes de la Nation ». Le Gouvernement propose, dans son projet de loi de finances (PLF) pour 2026, des mesures destinées à ramener le déficit public à moins de 5 % du PIB d’ici la fin de l’année 2026. Pour Nîmes Métropole, les estimations réalisées par les associations d’élus font apparaître un effort contributif potentiel de l’ordre de 3,4 M€.

« Les élus adorateurs de la déesse régie »

« Depuis 2020, non seulement nous avons maitrisé la masse salariale, mais aussi les charges de fonctionnement selon nos compétences, tout en maintenant nos investissements structurants et les services à la population », entame Franck Proust, en taclant au passage des élus d’opposition. « Certains nous reprochent de trop investir, ou d’être trop pingres en fonctionnement, c’est exactement cette philosophie qui a mis la France dans le rouge », tout en fustigeant les « élus adorateurs de la déesse régie », contribuant selon Franck Proust à « multiplier par deux » les charges de fonctionnement et à « faire chuter les investissements dans l’eau, les transports ou les déchets ».

« Un redressement significatif des comptes de Nîmes Métropole »

Le vice-président en charge des Finances, Frédéric Beaume, déroule son argumentaire. « La gestion rigoureuse des finances communautaires depuis le début du mandat a permis un redressement significatif des comptes de Nîmes Métropole. Cette trajectoire vertueuse a été reconnue par la Banque Européenne d’Investissement (BEI), qui a décidé d’apporter fin 2024 son soutien financier à hauteur de 110 M€ ».

Une capacité de désendettement de 8,3 ans, sous le « seuil d’alerte »

Avec une épargne brute de 58,7 M€ et un encours de dette de 487 M€, l’agglomération affiche une capacité de désendettement de 8,3 ans. « Le maintien durable du ratio de désendettement sous le seuil de vigilance des 10 années, garantit la soutenabilité financière du programme d’investissement », rassure l’exécutif. Nîmes Métropole prévoit de maintenir sous les 9 ans ses ratios de désendettement pour les trois années à venir. La dette projetée passe de 487 M€ en 2026, à 506 M€ en 2028, l’épargne brute quant à elle basculerait de 58,7 à 61,8M€. Les recettes prévisionnelles de fonctionnement connaissent une baisse entre 2025 et 2026, passant de 274,7 à 269,5 M€. Les dépenses de fonctionnement prévisionnelles passent quant à elles de 210,6M€ en 2025, à 210,8M€ en 2026.

Nouvelle baisse de la TEOM

Une baisse de la TEOM, taxe liée aux ordures ménagères, a été adoptée pour l’année 2025 de 10%. « En parallèle, la Direction des déchets a continué à mener son plan d’actions notamment en investissant dans ses équipements et en menant d’importantes campagnes de sensibilisation », rembobine Frédéric Beaume. En 2026, le taux de TEOM est soumis à l’arbitrage des élus. « Compte tenu des bons résultats obtenus avec la participation de la population, un taux de TEOM réduit de 5 % est proposé à l’occasion du débat budgétaire. Le taux passerait ainsi de 10,54% à 10,01 % », indique le monsieur Finances.

Les grands projets de 2026

Concernant les grands projets de l’année 2026, 14,9M€ seront dédiés aux transports. Nous noterons l’acquisition de matériel roulant (8,0 M€) ou l’extension de l’infrastructure TCSP à Caissargues (1,4 M€). La gestion de l’eau et de l’assainissement consacrera une enveloppe de 44,7M€ . Dans le domaine de la prévention des Inondations et du pluvial : 13,4 M€ sont fléchés, incluant notamment le Papi 3 (8,9 M€) et le volet Pluvial (4,5 M€). 6,8 M€ devraient aller vers la gestion des déchets. Sans oublier les fonds de concours aux communes, qui devraient mobiliser 7,5M€ en 2026.

« Une bonne vieille ficelle électorale »

Cinq minutes top chrono sont accordées à chaque groupe politique. Valérie Rouverand (groupe Progressiste), candidate aux municipales de Nîmes, fustige un ROB « dicté par l’échéance électorale », saluant toutefois la poursuite des travaux de prévention de risque inondation. La baisse de la TEOM ? « Une bonne vieille ficelle électorale », tranche-t-elle. Après une hausse en 2021, « on revient à la case départ, on prend des gens pour des amnésiques, et entre temps, le service rendu a diminué ». La même de charger « l’attractivité économique de l’Agglo reste un point faible, avec notamment Magna Porta qui ne décolle pas », ou le « taux de réalisation qui continue de baisser ». Celle qui dénonce un « équilibre artificiel du ROB », conseille alors au président : « un peu de moins de com’ permettrait de faire des économies sur l’un des territoires les plus pauvres de France ».

« Trop de projets structurants dorment encore dans les tiroirs »

Julien Plantier (Nimes Métropole avenir), également candidat à la mairie de Nîmes, qualifie le bilan de « ni glorieux, ni catastrophique », pointant toutefois une Agglo avançant à « petits pas » quand il faudrait oser la « grande foulée ». « Trop de projets structurants dorment encore dans les tiroirs », regrette-t-il, avant de fustiger la troisième voie de la gare Nîmes Pont du Gard, qui « risque de devenir une nouvelle arlésienne ». La baisse de la TEOM suscite moins d’opposition : « Une bonne nouvelle, mais nous resterons vigilants à ce que la qualité de service ne diminue pas, c’est notre ligne rouge ». Celui qui a récemment visité Robert Ménard appelle par ailleurs à la vigilance : « L’endettement de notre agglomération a pu être maitrisé, mais il demeure à un niveau élevé ».

« Bilan politique autosatisfait, parfois même triomphaliste »

Vincent Bouget (Gauche unie, citoyenne et écologiste) lui emboite le pas. Le voilà étrillant un ROB aux allures de « bilan politique autosatisfait, parfois même triomphaliste, dans la lignée des lettres que l’on peut recevoir dans nos boites aux lettes ». Le communiste fustige un cercle vicieux financier : « La hausse des recettes de fonctionnement n’a jamais permis d’améliorer l’autofinancement de façon significative, en raison de la hausse des dépenses de fonctionnement et notamment des charges financières. (…) L’autofinancement est largement amputé par le remboursement du capital de la dette, l’agglomération doit à nouveau emprunter pour investir. Les taux d’intérêt étant élevés, cela provoque une hausse des charges financières, et donc une moindre augmentation de la capacité d’autofinancement, etc. » La baisse de la TEOM ? « Opportune, elle sera effacée par la hausse du prix de l’eau et de l’assainissement prévue pour 2026 ».

Laurence Gardet (Rassemblement national), s’attaque quant à elle à la Macronie ayant mené le pays « au bord de la rupture ». Résultat : « les collectivités en payent le prix ». A Nîmes Métropole, « la situation est alarmante, la dette est en hausse constante, chaque euro emprunté coûte de plus en plus cher ». L’élue RN s’alarme de la capacité de désendettement, qui est « bien plus élevée que dans d’autres collectivités, démontrant que Nîmes va mal« , et entrainant par conséquent : « des investissements repoussés à plus tard ».

Linda Mansouri/InfOccitanie.