Vous avez 28 ans, vous êtes relativement jeune. Comment avez-vous décidé de vous présenter en tant que candidat aux élections municipales de 2026, sous la bannière de Révolution Permanente ?
Je milite à Révolution Permanente depuis plusieurs années déjà. L’année dernière, je me suis battu avec mes collègues contre les coupes budgétaires et contre les licenciements économiques pendant plusieurs mois. Cette lutte contre l’austérité et la dénonciation de ces coupes budgétaires fait partie intégrante de notre programme. Alors, lorsque la question de participer aux municipales s’est posée, nous nous sommes dit que c’était une bonne idée de mettre en avant ce profil-là dans les élections. Notre organisation a comme centre de gravité la lutte des classes. Nous sommes une organisation révolutionnaire et notre cœur d’activité est de nous situer aux côtés de toutes celles et ceux qui luttent, que ce soit dans la jeunesse, chez les travailleurs, auprès de toutes celles qui subissent l’oppression. Nous pensons que les élections municipales sont un temps politique fort dans lequel nous pouvons mettre en lumière tous ces combats, toutes ces discriminations, ces oppressions.
En quoi votre candidature peut-elle être une alternative à la politique menée actuellement par Michaël Delafosse ?
Je pense que je suis l’anti-Delafosse par excellence. Il suffit de regarder le bilan de son mandat et toutes les politiques qu’il a appliquées pendant cinq ans, qui sont la continuité des politiques que l’on subit à l’échelle nationale, celles d’Emmanuel Macron, des politiques austéritaires et sécuritaires, mais en version locale.
Il suffit de constater à quel point la misère a explosé ces dernières années. Il y a une vraie problématique autour du logement à Montpellier. Nous voulons agir sur cette problématique. J’ajouterais également la question des subventions au patronat, qui, pour moi, montre à quel point cela s’inscrit dans la continuité de la politique d’Emmanuel Macron. Monsieur Delafosse a passé cinq ans à faire beaucoup de cadeaux à quelques personnes qui n’en ont pas besoin, et cela sur le dos de beaucoup de gens qui se lèvent tous les matins pour aller travailler et qui ne gagnent pas grand-chose.
Par rapport à cette crise du logement, que proposez-vous pour pallier cette problématique ?
Il y a plusieurs choses. Nous sommes tout d’abord pour la réquisition des logements vides. Il y en a plus de 13 000 à Montpellier, alors qu’il y a plus de 2 800 personnes à la rue.
Nous ne sommes pas seulement pour l’encadrement des loyers, mais pour leur réévaluation. Ils sont aujourd’hui beaucoup trop élevés.
Dans le parc locatif, trois appartements sur quatre appartiennent à des multipropriétaires. Cela signifie que certaines personnes vivent concrètement sur la misère. Il faut s’attaquer à cela. Au-delà de le dénoncer, il faut l’interdire. Ce n’est pas possible que des étudiants doivent arrêter leurs études parce qu’ils ne peuvent pas se loger dans une ville où certains appartements restent vides pendant que d’autres enrichissent une petite poignée de personnes. Ce n’est pas possible que des femmes victimes de violences domestiques ne puissent pas quitter leur domicile faute de logement disponible. C’est dans ce sens que nos propositions vont : réquisitionner les logements vides et surtout baisser les loyers, qui sont bien trop élevés.
La sécurité est également une thématique centrale de cette campagne. Quelles sont vos propositions sur cette question ?
La réalité, c’est que la violence sociale a pour origine la misère. Tant qu’on ne s’attaque pas à cela, on ne changera rien à la situation. On pourrait quadrupler le nombre de forces de sécurité, mettre des caméras au-dessus de chaque appartement, je vous le garantis, cela ne réglerait rien à la violence sociale. Si l’on se penche sur les moyens alloués à la brigade des logements ou à la police des transports, ce sont des millions d’euros, alors que dans les quartiers prioritaires, les services publics s’effondrent et les habitants font face à des difficultés considérables.
Nous sommes pour la dissolution de la BAC et le désarmement de la police municipale, car la réalité — et je suis bien placé pour le savoir avec le métier que j’exerce — est que ces personnes servent à contrôler et à réprimer la population des quartiers populaires. Et cela, le maire de Montpellier s’en félicite, alors que pour une bonne partie de la population, je pense à celle de La Paillade, la vie ne s’est pas améliorée d’un iota depuis cinq ans.
Une autre question qui a fait couler beaucoup d’encre est celle du Contournement Ouest de Montpellier (COM). Quelle est votre position ?
Nous y sommes complètement opposés. Pour moi, cela rejoint la question des subventions au patronat. On peut se demander à qui profitent ce genre de projets.
J’ai l’impression que le COM vise davantage à enrichir les entreprises qu’à améliorer le quotidien des habitants. Mais il n’y a pas que ce projet : il y a aussi MedVallée ou la zone Cambacérès autour de la gare Sud de France. Ce sont des millions d’euros de cadeaux au patronat. Les Montpelliérains devraient avoir leur mot à dire sur les projets qui améliorent réellement leur quotidien. Nous avons bien plus confiance dans la population pour décider quels projets sont nécessaires plutôt que de laisser quelques individus dépenser des centaines de millions d’euros dans des projets anti-écologiques profitant à une poignée de personnes.
Alors, vous êtes plutôt en faveur du référendum pour consulter les Montpelliérains sur la réalisation de projets ?
Oui, complètement. Cela s’inscrit dans toute la partie sur la démocratie présente dans notre programme. Nous sommes pour la révocabilité des élus payés au salaire médian. Je ne pense pas qu’une seule personne doive décider, pendant cinq ans, de mesures qui auront des conséquences sur la vie de centaines de milliers de personnes. Ce sont les habitants qui doivent prendre, au quotidien, des décisions pour leur vie.
Nous voulons également créer un comité de travailleurs afin que ce soient eux qui décident de la manière dont les services publics doivent fonctionner et de l’allocation des moyens. Ce sont eux qui travaillent et produisent, c’est donc à eux de décider.
Beaucoup d’étudiants à Montpellier souffrent de précarité et de difficultés liées au logement. Quel plan proposez-vous pour améliorer leur quotidien ?
Il y a plusieurs mesures. Sur le logement, nous demandons la rénovation et la construction de nouveaux logements CROUS décents, sans punaises de lit ni cafards. La misère explose, beaucoup d’étudiants dépendent de l’aide alimentaire, et avec l’argent qu’on pourrait prélever sur le patronat, on aurait sûrement plus de marge pour les aider.
La mairie actuelle a beaucoup investi dans les transports, avec la gratuité et les extensions de lignes. Quelle est votre vision de cette politique, notamment sur la gratuité des transports ?
Je pense que la gratuité va dans le bon sens. Mais la gratuité seule ne suffit pas : si on ne met pas les moyens nécessaires pour assurer suffisamment de rames de tram et de conducteurs, cela reste compliqué.
C’est également une gratuité relative, puisqu’elle ne concerne que les habitants de Montpellier. Elle devrait être étendue à tous.
Votre campagne avance. Quelles sont les prochaines étapes ?
Nous avons prévu une série de collages, de porte-à-porte et de tractages, qui ont déjà commencé. Mais nous considérons cette campagne et la politique de la ville comme collectives. Ce n’est pas Révolution Permanente qui mènera sa petite campagne seule. Au contraire, nous allons la mener avec les habitants, étudiants et travailleurs. Nous allons organiser plusieurs comités pour défendre notre candidature.