Nouvelle étape franchie dans le dossier du Contournement Ouest de Montpellier (COM). Porté par Vinci Autoroutes (ASF) pour le compte de l’Etat, le COM prévoit le réaménagement de la route existante sur 6,2 km, entre Juvignac et Saint-Jean-de-Védas, afin de relier les autoroutes A709 et A750. Le projet vise à décongestionner le trafic « excessivement chargé depuis quinze ans » sur l’itinéraire actuel du COM qui compte 25.000 véhicules par jour, mais également sur l’Avenue de la liberté à Montpellier qui en recense 45.000, martèle Salvador Nuñez, directeur opérationnel chez Vinci Autoroutes.
« 65% des avis sont favorables »
Vendredi 3 octobre dernier, le préfet de l’Hérault se réjouissait « de l’avis favorable délivré par la commission chargée de conduire l’enquête publique de cet important projet. Je remercie le président et les commissaires enquêteurs de leur travail qui est d’une grande clareté ». Ce dernier livrait alors quelques chiffres : « 5282 personnes se sont exprimées en proposant 5538 observations au total, ce qui est un chiffre exceptionnel. 65% des avis sont favorables. Cet avis ne comporte pas de réserve. Je m’engage pour autant à prendre en compte les quatre recommandations qu’il comporte ». Le rapport, les conclusions et l’avis sont consultables en ligne ici : urlr.me/vrgX3W.
« Rien n’interdisait de le faire au mois d’août »
Reste que pour certains élus opposés au projet, et pour le collectif Autre Com, militant pour une alternative « plus vertueuse » au COM, cette enquête administrée en plein mois d’août suscite l’incompréhension. « Ce n’est pas illégal, ni non réglementaire. Le résultat démontre la forte participation. Et puis les gens ont un accès facilité à leur téléphone et à leur tablette toute l’année », rétorque Salvador Nuñez. Lequel précise que l’essentiel des avis a été transmis de manière digitalisée. L’ingénieur de métier y va de sa métaphore : « Les opposants me font penser à Machiavel, maitriser les peurs permet de dominer les masses… Ces techniques ne sont pas nouvelles ».
Il faut dire que le projet de COM est hautement sensible, salué par les uns qui attendent avec impatience les premiers travaux, fustigé par d’autres qui y voient un projet surdimensionné et climaticide. « Pour justifier le fait d’être contre, certaines entités sont obligées de générer des contre-vérités et de la peur », avance le technicien qui les classe alors en deux catégories : « les personnes politisées de longue date, et celles plus récentes, non défavorables au COM, mais expropriées, qui rejoignent la ‘lutte’ pour défendre leur interêt privé au détriment de l’intérêt général ».
Notre interlocuteur convoque les chiffres : « Pour la 4e année consécutive, le sondage IFOP, selon les questions, cumule entre 8 et 9 personnes sur dix favorables au COM. Je n’ai plus besoin d’être convaincu de l’intérêt général de ce projet attendu par la majorité des gens ». Et si le COM ne voyait pas le jour ? « Tout ce transit passerait par la ville-centre Montpellier qui attire toujours plus de monde dans la région, le trafic sera encore plus congestionné ».
« Quand on crée un hôpital, crée-t-on de nouveaux malades ? »
Les divergences se cristallisent sur la théorie du « trafic induit ». Les Shifters, association qui œuvre pour « décarboner l’économie », souligne que l’étude initiale d’impact n’a pas pris en compte le phénomène de trafic induit — l’augmentation du nombre de véhicules due à l’amélioration des infrastructures routières —, ce qui conduit selon les Shifters à une sous-estimation des émissions de CO2 et des polluants atmosphériques. « Vous avez une note du Cerema à ce sujet. Le trafic induit est une théorie controversée, je ne dis pas qu’elle est juste ou fausse. On ne sait pas la quantifier, la modéliser, pour l’appliquer correctement », oppose Salvador Nuñez. Le même s’interroge. « Je suis épaté par la capacité des Shifters à faire des études de trafic, alors que les spécialistes de ce domaine en France se comptent sur les doigts d’une main et que l’Etat et Vinci Autoroutes ont mis plus de deux ans à en publier, avec des données fines d’analyse », pointe-t-il un brin sarcastique. Le même se prête à la métaphore : « Quand on crée un hôpital, crée-t-on de nouveaux malades ? C’est absurde ».
L’avis favorable suite à l’enquête publique est toutefois assorti de quatre recommandations, « rien qui ne constitue un travail supplémentaire pour nous, nous en avions déjà connaissance et avions prévu de les intégrer ». Il s’agit ainsi d’associer l’ARS au suivi et à la mise en oeuvre du projet ; d’associer l’EPTB Lez au suivi environnemental en ‘phase chantier’ et lors de la mise en oeuvre des mesures compensatoires ; de mettre en place des mesures de protection renforcée pour les alignements d’arbre et, en cas d’abattage accidentel, de prévoir des mesures compensatoires ; et enfin, après la mise en service du COM, de mettre en place une campagne de suivi à long terme des nuisances sonores, de la qualité de l’air et de la fluidité du trafic. « C’était déjà prévu dans le bilan LOTI* que nous devons faire à cinq ans », rassure Salvador Nuñez. La balle est désormais dans le camps du préfet qui devrait se prononcer sur l’autorisation environnementale à la fin de ce mois d’octobre. « Je pense que ça sera plus début novembre », projette le cadre de Vinci.
*Conformément aux dispositions du code des transports, les grands projets d’infrastructure de transport font l’objet d’un bilan de leurs effets socio-économiques et environnementaux dans un délai de 3 à 5 ans après la mise leur mise en service. Ces bilans ex post, dits aussi « Bilans LOTI » sont de la responsabilité du maître d’ouvrage du projet et doivent être rendus publics après avoir fait l’objet d’un avis du Conseil général de l’Environnement et du Développement Durable.