Hérault : « La situation financière s’est dégradée de manière brutale », regrette Kléber Mesquida

jeudi 18 septembre • 07:20
A l'occasion d'une conférence de presse, Kléber Mesquida, président du département de l'Hérault, est revenu sur la situation financière du Département, mais aussi sur les projets entrepris et ceux à venir.

À l’occasion d’une conférence de presse de rentrée, le président du Département de l’Hérault, Kléber Mesquida, a fait le point sur la situation du territoire en cours et à venir.

Au plus près des viticulteurs

« Nous ne sommes pas là pour réguler le marché agricole, nous sommes là pour le réguler », clarifie Kléber Mesquida, qui a entamé une tournée à la rencontre des viticulteurs du département. L’agriculture représente une part importante de l’économie du département, le « 2e PIB, après le tourisme », affirme Kléber Mesquida. Alors, le Département s’efforce de valoriser au mieux le milieu agricole, notamment avec la création de l’Oenotour. À la création de celui-ci, 59 caveaux étape ont été labellisés et aidés par le département, notamment avec « la réalisation d’études gratuites, d’aménagements pour rendre le caveau respectable au cahier des charges ». Aujourd’hui, l’Oenotour compte 186 caveaux étape, tous présents sur le Guide du Routard. « Nous avons également créé 29 Oenorandos et un Oenovélo ainsi que Chrono Viti, un mode de livraison de colis en express des bouteilles de vin. Tout cela contribue à améliorer la viticulture et à l’améliorer. », se félicite le président du Département.

Le Géoparc : une plus-value essentielle

La candidature au label « Géoparc Mondial UNESCO », déposée par le Département, du Géoparc Terres d’Hérault est actuellement en cours d’analyse. Un patrimoine de près de 2 000 m², qui englobe 111 communes, que le Département continue de mettre en valeur. « Je n’aime pas anticiper, mais j’ai bon espoir à ce que nous ayons le label, qui sera délivré entre la fin de l’année 2025 et le début 2026 », confie Kléber Mesquida. Afin d’encourager l’attrait touristique autour du Géoparc, le Département a créé un réseau de Géopartenaires, regroupant des producteurs labellisés.

Un rapport de la CRC décrié

Lors d’un récent rapport, la Chambre Régionale des Comptes (CRC) a présenté une étude portant sur la gestion des comptes du Département de l’Hérault. « Ils regardent des chiffres et ils ne comprennent pas pourquoi on en est arrivé là », regrette Kléber Mesquida au sujet de ce rapport. Dans ce dernier, la CRC pointe une situation financière dégradée depuis 2024 et une « trajectoire financière insoutenable » à venir si rien n’est fait. Une dégradation que la CRC explique notamment par la hausse des bénéficiaires d’aides sociales. « Quand je vois les signalements « d’enfance en danger », cela pose problème. Alors qu’en 2022 nous avions 2 396 mineurs confiés par le juge au Département, ce chiffre grimpe à 3 118 en 2024. Cette augmentation très forte nous conduit à mettre en œuvre des mesures d’accueil. C’est une dépense obligatoire », justifie Kléber Mesquida.

Un autre point sur lequel revient le président du Département est l’augmentation des coûts. En 2019, sur les allocations que l’on verse sur le secteur enfance/familles, nous sommes passés de 153 millions d’euros en 2019 à 229 millions d’euros en 2025. Ce sont des dépenses incompressibles. Au total, 72 % des dépenses du Département sont consacrées à des actions sociales (RSA, personnes âgées et handicap), ce qui représente 462 euros par habitant (1er Département de France).

Des aides de l’État insuffisantes ?

Le président du Département pointe également une partie des dépenses non compensées par l’État, qui correspondent à des compétences que l’État a transférées aux départements. « Quand je parle des aides aux personnes (personnes âgées, personnes en situation de handicap, bénéficiaires du RSA), nous recevons des compensations de l’État. Mais sur le budget 2025, nous assumons 261 millions d’euros de dépenses qui ne sont pas compensées par l’État (87 millions pour les personnes âgées, 74 millions pour les personnes en situation de handicap et 96 millions pour les bénéficiaires du RSA) », déplore Kléber Mesquida.

« L’État nous a compensé par une fraction de la TVA nationale. En 2024, il nous a confirmé par courrier que la dotation TVA étant de tant et le résultat : -31 millions d’euros sur l’année 2024. » Le Département estime également à 20 millions d’euros les charges supplémentaires dues aux mesures décidées par l’État, telles que l’augmentation du RSA. « Au total, l’État nous a pénalisés de 51 millions d’euros en 2024. » À cela s’ajoute l’effondrement du marché immobilier et la perte des droits de mutation à titre onéreux, évaluée à 52 millions d’euros. Ainsi, entre les 51 millions dus à l’État et les 52 millions liés au marché immobilier, l’impact total pour 2024 s’élève à 103 millions d’euros. « La situation financière s’est donc dégradée de manière brutale, et cela n’est pas dû à une politique du Département », clarifie le président du Département.

Au regard de l’augmentation de la population, « Le Département a été obligé de construire trois nouveaux collèges : celui de Port Marianne, un à Juvignac et le dernier à Maraussan », détaille Kléber Mesquida. La construction de ces trois établissements représente un coût de 110 millions d’euros pour le Département. Sur cette somme, le Département n’a perçu que « 3 millions d’euros d’aide de l’État. » Le Département a ainsi arrêté cette année toute extension de collège, « au regard des contraintes budgétaires. »

L’épargne nette du Département (consacrée aux investissements) est alors passée de 103 millions d’euros en 2023 à -21 millions d’euros en 2024. « En 2025, nous avons emprunté pour rembourser ce capital et une autre partie sert à subventionner certains projets », explique Kléber Mesquida. Aujourd’hui, l’Hérault est le 7e département le plus pauvre de France et le 4e avec le taux de chômage le plus élevé.

Antoine Fagant/InfOccitanie.