Les effets du second mandat de Donald Trump se font déjà ressentir outre-Atlantique, en particulier auprès de la communauté scientifique et des universités américaines qui subissent de plein fouet les coupes budgétaires et l’arrêt de financements. « Ce sont environ 6 000 suppressions de postes qui sont intervenues, touchant des domaines stratégiques comme le climat, la préservation de la biodiversité, la santé et les maladies émergentes, ou encore les sciences sociales », détaille la région Occitanie dans un communiqué de presse.
« Ce sont environ 6 000 suppressions de postes »
En réponse à ces menaces, la Région Occitanie s’est engagée, dès le mois de mai, à soutenir les universités de Toulouse et de Montpellier pour l’accueil d’une quinzaine de chercheurs basés aux Etats-Unis en mobilisant une aide de 2 M€. Une première chercheuse est arrivée en Occitanie, et 4 autres arriveront entre la fin de l’année et mi-2026. Ces arrivées marquent le lancement concret de ce programme inédit de solidarité scientifique.
Une aide de 2M€
Les deux universités de Toulouse (« Toulouse Safe Place for Science ») et Montpellier (« Choose Montpellier ») ont lancé des appels à candidatures via leurs réseaux et partenaires basés aux USA. C’est dans ce cadre que :
Pleuni Pennings, en provenance de l’Université de San Francisco a rejoint l’Université de Montpellier depuis le 1er octobre. Elle est professeure en écologie, spécialiste de la bio-informatique et de l’IA appliquée à la santé. Elle étudie la résistance des microbes et virus aux traitements (sida, paludisme, E.coli). Elle a été fortement impactée par les coupes budgétaires dans le domaine de la recherche en santé. Elle a fait le choix de poursuivre ses travaux en Europe, et plus précisément en Occitanie, à Montpellier au sein du laboratoire ISEM, reconnupour ses travaux sur l’évolution de la biodiversité, avec lequel elle a entamé une collaboration.
Ankita Jha, en provenance du National Institutes of Health (Bethesda), elle rejoindra Toulouse d’ici la fin de l’année pour deux ans. Chercheuse en biologie cellulaire, spécialiste de la dynamique des membranes plasmiques et de la morphologie cellulaire, elle étudie leur rôle dans la signalisation intracellulaire et la résistance aux traitements anticancéreux. Ses travaux ont été affectés par les restrictions américaines sur la recherche biomédicale. Elle a choisi de poursuivre son projet Bleb Morphology in Signaling and Cancer Progression au Centre de Biologie Intégrativede Toulouse, en s’appuyant sur les plateformes d’imagerie et l’expertise locale en biophysique.
Cecily Sunday, en provenance du NASA Postdoctoral Program (Université du Maryland), ellerejoindraToulouse d’ici la fin de l’année pour deux ans. Ingénieure mécanicienne et docteure en astrophysique, elle est spécialiste des interactions engins-surfaces planétaireset a contribué aux missions NASA InSight, Perseverance et JAXA MMX. Ses travaux ont été fragilisés par les contraintes budgétaires américaines sur la recherche spatiale. Elle a choisi de poursuivre ses recherches à l’ISAE-SUPAERO, en collaboration avec le CNES, l’IMFT et l’IRAP, pour développer des simulations haute-fidélités au service des futures missions d’exploration planétaire.
Alexandra E. Hui, en provenance de la Mississippi State University, elle rejoindraToulouse début 2026 pour deux ans. Historienne des sciences, du son et de l’environnement, elle étudie l’expérience sensorielle et auditive dans les processus de restauration écologique, en comparant les fleuves Los Angeles et Havel. Elle développera à Toulouse, au sein de l’IPEAT, de FRAMESPA et du laboratoire PLH, son projet sur la Garonne, en lien avec le programme TIRIS dédié à la durabilité et au bien-être.
Caroline Sequin, en provenance de Lafayette College (Pennsylvanie),elle rejoindra Toulouse à l’été 2026 pour deux ans. Historienne, spécialiste de l’histoire sociale et politique de la France et de l’Empire, elle étudie les liens entre race, genre, sexualité et empire. Ses recherches, fragilisées par les restrictions américaines sur les sciences sociales, l’ont conduite à poursuivre ses travaux en Europe. Elle rejoindra le laboratoire FRAMESPA pour développer deux projets sur les mariages mixtes dans l’Empire français et sur les « war brides » françaises après 1945, renforçant les échanges franco-américains autour des questions de genre et de race.
En soutien à l’initiative des universités de Toulouse et de Montpellier d’accueillir une quinzaine de chercheurs dans leurs laboratoires, la Région mobilise 2M€ pour notamment participer à la prise en charge de leurs salaires, aux recrutements de chercheurs ou à l’acquisition d’équipements.
Une première chercheuse est arrivée en Occitanie, 4 autres arriveront entre la fin de l’année et mi-2026
« En choisissant de poursuivre leurs travaux en Occitanie, elles incarnent l’esprit de résistance et de solidarité scientifique que nous défendons. Leurs compétences viendront renforcer nos dynamiques dans des domaines stratégiques : lutte contre le changement climatique, énergies renouvelables, santé et maladies émergentes, sciences humaines et sociales… Plus que jamais, l’Occitanie se place à l’avant-garde de la défense des libertés académiques et de la coopération scientifique internationale et continue de soutenir la science dans l’Hexagone au service du progrès humain et de la vérité », a déclaré Carole Delga, présidente de la Région Occitanie Pyrénées-Méditerranée.


