Occitanie : « Une première pour une Région française », un Plan régional contre le racisme et l’antisémitisme

lundi 20 octobre • 10:57
Face à la montée des actes racistes et antisémites, la Région Occitanie sensibilise notamment les plus jeunes.

Un retour en arrière s’impose. Le mandat des conseillers régionaux de la Région Occitanie débute en 2016, au lendemain des attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan. Un contexte funeste qui conduit l’opinion publique à considérer une réalité sous-estimée. « Dans les mois qui suivent, les actes antisémites et racistes émergent dans notre société, la parole se libère, les agressions se multiplient, comme les tags devant des lieux communautaires ou les insultes sur les réseaux sociaux… », liste Hussein Bourgi, sénateur socialiste héraultais et conseiller régional.

« Tous les Arabes ne sont pas musulmans »

Le même alerte alors sur les amalgames : « Tous les Arabes ne sont pas musulmans, des Arabes sont chrétiens Coptes en Egypte, chrétiens orthodoxes, ou maronites au Liban. Il était urgent de déconstruire ceci, ce n’est pas parce que quelqu’un est musulman qu’il est nécessairement fanatisé, islamiste et terroriste en puissance ». Des constats qui mènent alors à des discussions entre les élus : « On a eu un échange. Au-delà du soutien ponctuel apporté, que pouvions-nous faire de plus ? Une action de fond auprès de la population pour faire reculer l’intolérance. J’ai proposé à Carole Delga (présidente de Région, ndlr) que nous travaillions à bâtir un plan sur la durée ».

Ainsi, vendredi 17 octobre 2025, la Région a réuni ses partenaires dans les Hôtels de Région de Toulouse et Montpellier pour dresser le bilan de l’acte I de son Plan d’actions adopté en 2020, et évoquer les objectifs de l’acte II, dont les travaux seront lancés cet automne. Cette rencontre s’est déroulée en présence de Pierre Lacaze, vice-président de la Région chargé des Solidarités, Egalités, Services publics, de la Vie associative et du Logement social, ainsi que d’Hussein Bourgi.

Un plan régional de 12 millions d’euros

Ce Plan régional d’actions contre le racisme et l’antisémitisme est « une première pour une Région française », doté d’une enveloppe de près de 12 M€. La Région Occitanie a fait des jeunes une priorité de ce Plan, tout en s’adressant également aux familles, éducateurs, médias ou encore aux élus. Le plan est structuré autour de 3 objectifs : déconstruire les préjugés, éduquer à l’antiracisme et valoriser la citoyenneté ; transmettre l’histoire et les mémoires et accompagner les organisations dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.

3 objectifs, 10 mesures, 29 actions

Il porte ainsi 10 mesures et 29 actions, co-construit avec les acteurs du monde associatif, éducatif, sportif, culturel et économique, à l’issue de plus de 40 heures d’auditions menées avec des représentantes et représentants d’associations engagées, ainsi que de nombreuses institutions et autorités civiles, judiciaires, éducatives et religieuses. « Nous avons sondé tous les territoires, pas que urbain, mais également ruraux, pour bénéficier d’une vision panoramique », détaille Hussein Bourgi.

Plusieurs dispositifs ont alors été mis en place dans le cadre de ce plan. Parmi eux : la sensibilisation au devoir de mémoire, avec le déplacement de plus de 1 000 lycéens depuis 2019 au camp d’Auschwitz ; la création du Conseil régional de la Laïcité et des Valeurs Républicaines, pour aider les jeunes à mieux s’approprier ces principes ; ou encore la mise en place de la plateforme REFLEXE, permettant aux formateurs, intervenants et animateurs de disposer de contenus ludiques et pédagogiques sur les discriminations et ainsi les aider à construire leurs séances de sensibilisation pour les jeunes.

Justes parmi les Nations

Cet événement a permis également d’ouvrir de nouvelles perspectivesavec le lancement dès cet automne d’un travail partenarial autour de l’acte II de ce Plan régional. À ce titre, la Région a d’ores et déjà souhaité engager une première série de cérémonies d’hommage et de dévoilement de plaques commémoratives dédiées aux Justes parmi les Nations dans 80 communes d’Occitanie. Celles-ci visent à honorer celles et ceux qui, au péril de leur vie, ont sauvé des familles juives durant la Seconde Guerre mondiale.

Questionné sur l’extrême droite en fin de conférence de presse, Hussein Bourgi invoque les récents faits de violence survenus lors de la manifestation du 18 septembre dernier à Montpellier. Il clarifie par ailleurs : « S’il y a eu la Shoah, c’est parce qu’il y avait une idéologie politique d’extrême-droite derrière ». Extrait de l’intervention vidéo de Hussein Bourgi ci-dessoous :

Linda Mansouri/InfOccitanie.