Nîmes en commun : 18 réunions publiques, 1500 Nîmois engagés dans l’avenir de la cité

vendredi 30 mai • 10:23
Le collectif de gauche "Nîmes en commun" a clôturé sa tournée citoyenne et participative mercredi 28 mai. 18 réunions publiques ont animé les débats, rendez-vous est donné le 19 juin prochain pour le bilan.

« On n’avait jamais eu ce type de réunion, je ne m’attendais pas à ça », reconnait le président du collectif « Nîmes en commun », Vincent Bouget, dans une salle de l’enceinte Kaufmann. Habituellement orientés vers les politiques publiques locales et les enjeux de la cité (sécurité, pauvreté, transports…), les échanges nourris ont particulièrement porté sur la transparence de l’action publique et la rupture de confiance avec la politique et les élus que peuvent éprouver beaucoup de nos concitoyens.

Entrepreneur, médecin, étudiant, animateur social…

Depuis février dernier, le collectif « Nîmes en commun », initié par Vincent Bouget (PCF) et soutenu par plusieurs forces de gauche (PS, le PCF, EELV, Ensemble, le PRG, Génération.s et Place publique), sillonne les quartiers nîmois avec un film participatif suivi de débats citoyens. Plus de 1 500 habitants ont été rencontrés au cours de 18 réunions publiques. « Si je vous dis Nîmes ? », c’est la question posée par le collectif Nîmes en commun à une centaine de Nîmois dont les réponses ont permis un court-métrage de vingt minutes. Ils sont enseignant, étudiant en droit, écolier, entrepreneur, sans emploi, médecin, animateur social… Tous abordent face caméra leurs aspirations pour la ville avant de proposer des pistes d’amélioration. Dans l’inconscient, Nîmes évoque un patrimoine romain inégalable : « on fait partie d’une histoire que l’on prolonge avec humilité ». Pêle-mêle, les Nîmois interrogés se réjouissent de la « Méditerranée », du « vivre ensemble », des « olives », des « Jardins de la Fontaine », ou de la « solidarité après les inondations catastrophiques de 1988 ».

« Deux Nîmes, celui d’en haut et celui d’en bas »

Puis viennent les déceptions : « Nîmes a beaucoup changé, est devenu sale, les gens agressifs, on a besoin de plus de citoyenneté ». Un sondé constate avec amertume : « Il y a deux Nîmes, deux mondes, celui d’en haut et celui d’en bas. Entre les deux, il n’y a rien ». L’insécurité à Pissevin, le « manque d’industrie et d’emploi pour la jeunesse, l’engorgement des routes, le manque de pistes cyclables », autant de propos qui résonnent depuis le grand écran installé pour l’occasion. Parmi les pistes vers une meilleure qualité de vie ? « Le dialogue est hyper important, aller sur le terrain, prendre les avis, analyser. Relancer l’esprit de citoyenneté, redonner confiance en la politique », propose un habitant.

« Avez-vous encore espoir ? »

Yves, retraité engagé dans la vie associative nîmoise, un brin « pessimiste » comme il se présente, interpelle les élus. « Je ne comprends pas la finalité de ces réunions. […] Chacun a son propre ressenti sur la ville… En revanche les fait sont présents, si Nîmes passe au 20h c’est qu’il y a un problème… Je m’adresse à vous ici, avez-vous encore espoir que les choses changent ? ». Oui général de l’assemblée, ponctué par l’intervention de l’élu départemental et municipal de gauche, Christian Bastid : « c’est important de donner la parole et de redonner l’espoir. J’ai senti pleinement l’envie de construire quelque chose en commun à toute les réunions ».

Transparence et rupture de confiance

Vient le tour de la transparence dans l’action publique quotidienne, pouvant justifier une forme de désillusion vis-à-vis de l’action politique à l’échelle communale. Marianne Bernede, élué d’opposition Nîmes citoyenne à gauche, contextualise : « on travaille beaucoup pour agir concrètement, on pointe les dysfonctionnements en conseil, mais c’est très difficile de se faire entendre avec cette majorité municipale ». Jo Menut, élue du même groupe, rappelle par ailleurs : « le public peut assister à nos réunions de travail pour préparer les conseils ». Sibylle Jannekeyn (EELV) abonde : « nous faisons des conférences de presse pour rendre compte, il est vrai que la mairie pourrait créer un onglet bilan des élus sur le site internet… »

« J’ai beaucoup d’espoir que cette équipe gagne sur Nîmes… »

Un habitant saisit le micro : « On peut aussi s’engager dans les comités de quartiers et les conseils sont la plupart disponibles en visio. Il faut s’intéresser à l’actions de nos élus. J’ai une grande crainte, mais beaucoup d’espoir que cette équipe gagne sur Nîmes… » Pour l’heure, Vincent Bouget n’a pas déclaré sa candidature aux municipales de 2026. Il le rappelle à loisir, il n’est pas question de dresser un « programme » de campagne basé sur ces réunions, mais de sonder les aspirations des Nîmois, de quoi nourrir le travail des élus. « Trois choix s’offrent à nous : une ville du chacun pour soi, des solutions individuelles, une ville libérale où se creuseront les inégalités ; une ville du chacun contre chacun, où l’on oppose les habitants entre eux, une ville de tensions instrumentalisées, renforcées ; une ville où l’on réunit la population, où l’on définit les grands défis que nous avons à affronter ensemble, une ville dans laquelle la parole et la vie de chacune et de chacun est prise en compte et qui définit un projet collectif », conclut le leader de la gauche nîmoise. Un bilan ouvert au public aura lieu à la Halle des Sports Ludivine Furnon à Nîmes, le 19 juin prochain.

Linda Mansouri/InfOccitanie.