Les pluies orageuses de ces dernières semaines ont offert un sursis bienvenu aux terres arides du Roussillon, permettant aux services de l’État de réduire le nombre de communes classées en zone de « crise » sécheresse. Cependant, sous l’embellie passagère, la réalité des ressources en eau profondes reste précaire, notamment dans deux secteurs des Pyrénées-Orientales où l’heure est loin d’être à l’optimisme.
Selon les données les plus récentes du portail gouvernemental VigiEau, la situation demeure critique, en particulier dans la vallée de l’Agly aval, la plaine de la Salanque et le secteur des Aspres. Dans ces zones, les nappes phréatiques, qui constituent les réserves stratégiques en eau du territoire, affichent des niveaux jugés très bas.
Conséquence directe de cette tension persistante, un arrêté préfectoral maintient 39 communes au niveau de « crise », le seuil d’alerte maximal qui impose les restrictions les plus sévères sur l’usage de l’eau. Si ce chiffre marque une amélioration notable par rapport aux 77 communes précédemment concernées, il souligne la fragilité de l’équilibre retrouvé.
Parmi les communes toujours soumises à ce régime strict figurent notamment Bages, Baixas, Cabestany, Claira, Espira-de-l’Agly, Pia, Rivesaltes, Saleilles, Salses-le-Château et Villeneuve-de-la-Raho (voir liste complète en bas d’article). Pour leurs habitants et leurs activités économiques, cela signifie une interdiction quasi totale de l’arrosage, du remplissage des piscines ou du lavage des voitures.
Les experts du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) confirment le diagnostic. Les derniers bulletins de situation des nappes, publiés début mai 2025, sont formels : bien que les précipitations de mars et de mai aient permis d’humidifier les sols et de soutenir les débits des cours d’eau, leur effet sur les nappes profondes est resté très limité.
« La période de recharge des nappes, qui s’étend classiquement de l’automne au début du printemps, est désormais terminée », analyse un hydrogéologue du BRGM. « Les pluies récentes, bien que localement intenses, ont surtout bénéficié à la végétation et au ruissellement de surface. Elles n’ont pas été suffisantes pour compenser le déficit accumulé depuis plusieurs années dans les aquifères profonds du Roussillon, qui restent à des niveaux bas à très bas. » Tous les regards sont désormais tournés vers la saison estivale qui débute. L’été météorologique est là, mais les fortes chaleurs et les longues périodes de sécheresse qui caractérisent habituellement le climat méditerranéen de ces dernières années ne se sont pas encore installées.
Les prévisions saisonnières de Météo-France pour les mois de juin, juillet et août 2025 privilégient un scénario « plus chaud que la normale » pour le pourtour méditerranéen. Une perspective qui fait peser une menace directe sur les faibles ressources en eau disponibles. La moindre canicule pourrait anéantir les maigres bénéfices du printemps et replonger l’ensemble de la région dans une situation de crise généralisée.
Liste des 39 communes restant en niveau de « crise » :
Bages, Baixas, Banyuls-dels-Aspres, Brouilla, Cabestany, Caixas, Calce, Calmeilles, Canohès, Cases-de-Pène, Castelnou, Claira, Espira-de-l’Agly, Fourques, Llauro, Llupia, Montauriol, Montescot, Oms, Opoul-Périllos, Ortaffa, Passa, Peyrestortes, Pia, Pollestres, Ponteilla, Rivesaltes, Sainte-Colombe-de-la-Commanderie, Saint-Jean-Lasseille, Saleilles, Salses-le-Château, Terrats, Thuir, Tordères, Tresserre, Trouillas, Villemolaque, Villeneuve-de-la-Raho, Vivès.