« Nous demandons que l‘Association humanitaire de Montpellier, installée au 147 rue Boirargues à Montpellier depuis deux ans soit déplacée dans les plus brefs délais dans un autre lieu », peut-on lire sur la pétition en ligne, signée par le lanceur de pétition Jean-François Pernet. Le texte de la pétition poursuit ainsi : « De nombreuses personnes, sans domicile fixe ou autres, fréquentant ce lieu ouvert à partir de 18h chaque jour, squattent, jour et nuit, les espaces privés, principalement les parkings et sous sols des résidences privées en pénétrant illégalement dans ces lieux […] ».
« Les résidents des quartiers Richter et Port Marianne ne se sentent plus en sécurité »
Jean-François Pernet avance : « Les résidents des quartiers Richter et Port Marianne ne se sentent plus en sécurité. Les lieux privés sont remplis d’immondices et ce n’est pas normal que les riverains doivent assurer la charge de ces nettoyages. Les étudiants logeant en face de la fac d’éco ont peur de sortir le soir après 18h« . Selon ce dernier : « Bien sûr qu’il faut aider ces gens dans la détresse, personne ne le conteste.
Mais après leur repas du soir le devoir du Samu social et de la mairie est de s’occuper de leur hébergement ».
« Elle ne se déplace pas comme un conteneur gênant. »
Aïcha Baghaz, présidente de l’association, ne cache pas son indignation. « À Montpellier, la solidarité ne se négocie pas. Elle ne se déplace pas comme un conteneur gênant. Elle s’organise, se renforce, se défend », rétorque-t-elle aussitôt. Selon cette dernière, cette pétition reflète un « aveux de rejet de l’autre, celui qu’on préférerait ne pas voir dans ‘son’ quartier ».
« 250 repas par jour, 7 jours sur 7, 400 bénévoles »
La présidente convoque les chiffres, révélateurs d’un besoin cruel de lien social et de dignité. « L’Association Humanitaire de Montpellier, ce sont 250 repas par jour, 7 jours sur 7. Ce sont plus de 400 bénévoles mobilisés toute l’année. Ce sont des femmes, des hommes, des familles, invisibilisés par le système, mais jamais abandonnés par nous. Ce que nous faisons, ce n’est pas du ‘désordre’. C’est du lien. De la protection. De la présence. C’est ce qui reste quand les autres ont déserté ».
Un « aveux de rejet de l’autre » selon la présidente
Aïcha Baghaz propose par ailleurs : « Alors à ceux qui réclament notre ‘suppression’ : venez donc passer une heure avec nous. Venez parler avec celles et ceux que vous accusez. Vous verrez peut-être autre chose qu’un ‘problème à déplacer' ».
Quid de l’Etat ?
La présidente appelle à la responsabilité de l’Etat : « Oui, certains quartiers souffrent. Mais ce n’est pas en chassant les pauvres qu’on règle les problèmes. Ce ne sont ni les associations, ni les personnes aidées, qui sont responsables de l’inaction face à l’emploi, au logement ou aux addictions. Ce ne sont pas les structures de solidarité qui attirent la misère. Ce sont les inégalités, l’inaction de l’État, et l’abandon des plus fragiles ».