Le Prêt à taux zéro (PTZ) devrait être élargi en 2025 à toute la France. Pierre Martin, président de la Fédération du bâtiment dans le Gard, est loin de crier victoire.
Un amendement datant du samedi 26 octobre dans le cadre du Projet de loi de finances visait à rendre accessible le PTZ à tout le territoire français, aux acquéreurs de maisons individuelles et de logements anciens. Une initiative qui tranche avec les restrictions géographiques et d’usage qui limitent actuellement son accès. “C’est une bonne chose, on le demande depuis un an”, commente le président de la Fédération du bâtiment du Gard qui dénonçait l’exclusion des maisons individuelles dans l’ancienne application.
Les modalités du PTZ questionnent
Une décision découlant de la loi Climat et résilience et du Zéro artificialisation nette, afin d’encourager les logements collectifs et ainsi réduire les emprises foncières. Le PTZ, qui permet d’augmenter sa capacité d’emprunt, n’est toutefois pas la solution miracle, du moins s’il ne s’accompagne pas d’autres mesures. « On manque de lisibilité sur le texte définitif. On comprend au sein de la Fédération nationale qu’ils complexifieraient le dispositif. Cette part de PTZ dans le coût de l’investissement pourrait varier en fonction des revenus, mais aussi de la typologie de logement individuel, collectif et ancien”, s’inquiète Pierre Martin. Le risque étant que les banques prennent « minimum 6 mois” de plus pour la prise en charge des dossiers, au regard des paramétrages.
138 entreprises gardoises ont disparu
Un PTZ qui, de l’avis de la fédération, “ne suffira pas à régler le problème de la crise du logement et du secteur du bâtiment en France”, et notamment dans le Gard. La santé gardoise du bâtiment a de quoi susciter l’inquiétude. Sur une année glissante, la construction de logements a chuté de 37% (arrêté en août 2024), les salariés ont diminué de 3,1% (500 pertes d’emploi) et 138 entreprises ont disparu, soit 6% de plus que l’année dernière.
Moins de logements… plus d’habitants !
« Au rythme actuel, il sortira de terre environ 28 000 logements en Occitanie en 2024. Sur la période 2007 – 2022 nous en produisions en moyenne plus de 44 000 par an (-57% ) », alarme Pierre Martin. Une illustration concrète de la « gravité de la situation », alors même que la Région va accueillir « plus de de 50 000 habitants par an d’ici 2050 ».
Le dispositif Pinel en danger ?
Des statistiques qui n’iront pas vers la hausse avec la non reconduction du dispositif Pinel en 2025, sans mesure compensatoire prévue. “Rien ne le prévoit dans le Projet de loi de finances 2025, la production de logements ne pourra pas remonter pour répondre aux besoins, le PTZ concernant uniquement l’accès à la propriété”, dénonce Pierre Martin. Pour rappel : le dispositif Pinel permet aux investisseurs particuliers d’acheter un logement et de défiscaliser une partie de l’achat. En contrepartie, le logement doit être mis en location, l’investisseur ne peut y habiter. Une incitation à investir et à alimenter le parc de logement locatif, qui serait de fait menacée pour 2025.
Quid de la rénovation de l’ancien ?
Un courrier a été envoyé à tous les élus du territoire afin de faire remonter les doléances à Paris. Une prochaine réunion pourrait avoir lieu avec députés et sénateurs gardois au regard de la tournure des discussions du PLF. Autre élément, le dispositif Denormandie qui était censé s’arrêter fin 2027, sera stoppé plus tôt, soit en décembre 2026, comme le laisse entendre le PLF. Problème, ce dispositif permettait à des particuliers d’investir dans l’ancien avec obligation de le rénover avant mise en location, et ainsi de bénéficier d’une réduction d’impôt. “On ne prévoit rien pour construire du logement neuf, on s’oriente vers la rénovation et la réhabilitation de l’ancien pour alimenter le parc locatif mais en même temps, on arrête ce dispositif plus tôt que prévu ! », peste Pierre Martin consterné.
“On va reprendre notre bâton de pèlerin »
La FFB milite pour la création d’un régime universel d’investissement locatif privé et le retour du PTZ – dans tous les territoires – pour l’acquisition d’un logement neuf (individuels comme collectifs) sans distinction de quotités. “On va reprendre notre bâton de pèlerin et rencontrer de nouveau les élus pour leur dire que ce qui se dessine n’est clairement pas à la hauteur de l’enjeu. Il ne faut pas que le PTZ éclipse tout le reste. Il ne sera pas à lui seul suffisant pour relancer l’activité du logement”, conclut Pierre Martin. Ce dernier insiste sur un point, le budget consacré au logement social pour 2025 augmente de seulement 200 millions, bien en deçà des besoins en matière de logements sur tout le territoire en déficit de 2,6 millions.