Les procureurs réclament l’inéligibilité de la triple candidate à la présidentielle, Marine Le Pen, dans le cadre du procès dit des assistants parlementaires. La résistance s’organise dans le Gard.
Les magistrats soupçonnent 25 prévenus RN d’avoir mis en place un « système de détournement » des enveloppes publiques allouées par l’UE à chaque député, afin de rémunérer les salariés du Rassemblement national. Le Parlement européen a évalué le préjudice à 6,8 millions d’euros, entre 2004 et 2016. Le mercredi 13 novembre dernier, au tribunal de Paris où se tient depuis six semaines le procès de l’affaire des assistants parlementaires européens, le parquet a livré son verdict. Il requiert à l’égard de Marine Le Pen une peine de cinq ans de prison, dont deux fermes, mais aménageables, une amende de 300 000 euros et cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire.
Un préjudice estimé à 6,8 millions d’euros
D’autres figures politiques sont aussi visées par de lourdes réquisitions : 18 mois de prison, dont 12 avec sursis, 30 000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité avec exécution provisoire contre Louis Aliot, maire de Perpignan ; 10 mois de prison avec sursis, 20 000 euros d’amende et un an d’inéligibilité avec exécution provisoire contre Julien Odoul, aujourd’hui député de l’Yonne ; 18 mois de prison, dont 12 avec sursis, 30 000 euros d’amende, et trois ans d’inéligibilité avec exécution provisoire contre Nicolas Bay, eurodéputé passé chez Reconquête ; trois ans de prison, dont deux ans avec sursis, 200 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire contre Bruno Gollnisch, ex-eurodéputé et ancien bras droit de Jean-Marie Le Pen.
Une campagne d’affichage dans le Gard
« Mercredi, les procureurs ont requis des peines inouïes dans l’affaire dite “des assistants parlementaires” contre Marine Le Pen, sans nuance ni prise en compte des réalités de la vie parlementaire, réagit Yoann Gillet, député RN de la 1e circonscription du Gard. Comme si le procès n’avait jamais eu lieu, le parquet a poursuivi une logique implacable : tous coupables. Il s’agit d’un coup direct porté à la liberté d’action et de parole d’un mouvement politique pourtant légitimé par des millions de Français. »
Yoann Gillet à la manœuvre
Yoann Gillet, délégué départemental RN, dénonce ces attaques qui visent uniquement selon lui à « discréditer » Marine Le Pen et à « affaiblir le Rassemblement National, contournant ainsi la volonté démocratique des millions de Français. » Le parlementaire poursuit : « Ces réquisitions sont une ingérence manifeste dans l’organisation de la vie parlementaire, au mépris de la séparation des pouvoirs. Le parquet semble remettre en question des pratiques politiques parfaitement légitimes, comme si un député n’avait pas le droit de demander à ses collaborateurs de travailler en coordination avec les autres députés de son parti« . Yoann Gillet a par ailleurs lancé une grande campagne d’affichage dans tout le département du Gard pour soutenir Marine Le Pen. « L’ensemble des députés, élus et militants du Mouvement contribuent à cette action et se mobilisent pleinement pour dénoncer ce qui apparait comme une justice politique », conclut-il.